L'envoyé spécial d'Europe 1 Xavier Yvon s'est rendu près de Palmyre en Syrie, où les soldats de Damas tiennent les collines face à l'Etat islamique.
Il faut s'arrêter en haut d'une colline pierreuse dans la campagne syrienne pour découvrir les contreforts du territoire djihadiste à quelques kilomètres seulement de la ville de Palmyre. Dans un mélange de fumée et de poussière, un vieux tank grimpe jusqu'au poste de garde, dernier rempart du régime face à l'organisation Etat islamique où s'est rendu dimanche l'envoyé spécial d'Europe 1 en Syrie. Caché derrière des sacs de sable, un soldat syrien pointe sa mitrailleuse 12.7 derrière les collines. "Là-bas, il y a Daech", montre-t-il, en ajoutant dans un français hésitant : "A 4 kilomètres".
La victoire ou la mort. Au début du mois de mai, en pleine offensive sur le site antique de Palmyre, les djihadistes ont tenté de traverser ces quelques encablures de steppe, parsemées d'oliviers et de cailloux, raconte le commandant Samir. C'est avec fierté qu'il explique comment ses troupes ont repoussé les combattants : "Face à eux, nous n'avons pas le choix". Soit les soldats de Bachar Al-Assad imposent la victoire, soit ils meurent "en martyr". "Ici, nous avons tué 40 combattants de Daesh venus la nuit", ajoute-t-il au micro d'Europe 1.
Du haut de leur colline, ces soldats tirent pour montrer leur détermination, vers l'Est, vers un ennemi invisible. La ville de Palmyre est bien loin, à des dizaines de kilomètres derrière ces collines.
Laisser Palmyre pour garder Homs. Officiellement, l'armée s'est retirée de la cité antique pour épargner aux civils et aux sites archéologiques une bataille destructrice. Mais à bien écouter le commandant Samir, on comprend aussi que le régime n'a pas les moyens de faire face partout. "Comme les terroristes sont répartis partout sur le territoire, il y a beaucoup de positions à tenir", commente le commandant Samir, pour qui il faut faire des choix : "Il y a les positions importantes et les positions les plus importantes, particulièrement stratégiques, comme peut l'être cette région" aux alentours de Palmyre.
"S'ils prennent" la campagne autour de la ville antique, explique l'officier, "ce sera facile ensuite pour eux d'entrer dans la ville de Homs", troisième ville de pays reprise l'an dernier aux rebelles modérés. Pour garder cette prise de guerre, l'armée syrienne loyaliste est prête à perdre du terrain ailleurs. C'est la nouvelle stratégie de Damas, quitte à valider une partition de facto du pays, aujourd'hui symbolisée par cette frontière de cailloux et de sacs de sable.
Le reportage de Xavier Yvon aux côtés de l'armée de syrienne :
REPORTAGE - Syrie : Damas face à l'Etat islamiquepar Europe1fr