Plus de 300.000 morts. La guerre en Syrie aura fait plus de 300.000 morts et des réfugiés par millions en cinq ans. "Il y a cinq ans, on s’attendait à ce que le gouvernement de Bachar al-Assad tombe comme celui de Moubarak ou Ben Ali, mais il est encore là", a expliqué Agnès Levallois, consultante et spécialiste du Moyen-Orient, vendredi dans la matinale d’Europe 1. Le printemps arabe n'a pas pris en Syrie car, "il y a une minorité au pouvoir dirigée par la famille Assad qui avait tout à perdre en laissant quelqu’un d’autre au pouvoir. Tout a été mobilisé pour laisser ce système en place, comme l’armée ou les services de renseignements", analyse-t-elle encore.
La stratégie contre l'Etat Islamique. En Syrie, Bachar-al-Assad contrôle encore la région côtière, et de l’autre côté, 30 à 40% du territoire syrien est contrôlé par l’Etat Islamique. "Et, entre les deux, vous avez des groupes de l’opposition, que ce soit l’Armée Libre de Syrie ou un tas de petits groupes", explique la chargée de cours à Sciences Po avant d'ajouter : "l’intervention de la coalition internationale contre l’Etat Islamique a permis qu’elle ne gagne pas du territoire. L’objectif aujourd’hui est donc d’assécher les sources de financement de l’organisation et de ce point de vue là, il y a une certaine efficacité mais elle n’est pas suffisante, car pour lutter efficacement contre l’Etat Islamique, il faut des troupes au sol, mais personne ne veut y aller".
Une trêve respectée ? Une trêve a été signée et acceptée fin février par les Américains, les Russes ainsi que le gouvernement de Bachar al-Assad. On dit qu’elle est globalement respectée. "La population respire un peu. Mais quand on dit "globalement" c’est parce ce que Bachar al-Assad fait encore la guerre à des poches de résistance fortes à son régime", explique Agnès Levallois qui souhaite "qu'on se raccroche à l’idée qu’un jour ou l’autre, ce conflit va s’arrêter" car, "finalement l’intervention russe de septembre a permis à tout le monde de se rendre compte qu’il n’y a pas d’issues militaires mais plutôt politiques".