Le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, s'est abstenu samedi de rendre Moscou responsable de l'attaque récente contre une position des alliés des États-Unis en Syrie, mais il a prévenu qu'il voulait enquêter.
Des "contractuels impliqués". "Je crois comprendre que le gouvernement russe dit maintenant que certains de ses contractuels étaient impliqués dans cette attaque encore inexpliquée contre les Forces démocratiques syriennes (...) à l'est de la ligne de désescalade" avec la Russie, a déclaré Jim Mattis dans l'avion le raccompagnant à Washington, après une tournée d'une semaine en Europe. Et cette attaque a été menée "apparemment à l'insu des officiers russes avec qui nous nous coordonnons par le biais de la ligne de communication" de la zone de désescalade, a-t-il poursuivi.
"Quelqu'un leur avait donné des ordres". Mais "je doute que 250 à 300 hommes, après s'être excités de leur propre initiative, aient soudainement traversé la rivière pour passer en territoire ennemi, commencé à tirer à l'artillerie sur une position et manœuvré des tanks dans sa direction", s'est étonné l'ancien général des Marines.
"Quelqu'un leur avait donné des ordres. Est-ce que c'était des ordres locaux ? Est-ce que c'était des sources externes ? Qu'on ne me demande pas. Je ne sais pas", a poursuivi Jim Mattis. "Mais quoiqu'il soit arrivé, nous essaierons de le découvrir".
Des combattants pro-régime tués par Washington. Le 7 février, Washington a annoncé avoir tué dans des frappes aériennes au moins 100 combattants pro-régime dans la région de Deir Ezzor, en riposte à l'attaque du QG de combattants kurdes et arabes syriens soutenus par les États-Unis. Des informations avaient circulé sur la présence de mercenaires russes parmi les victimes.
Cinq Russes parmi les victimes. Jeudi, la diplomatie russe a reconnu que cinq Russes avaient "a priori" été tués et plusieurs autres blessés dans ces frappes, précisant qu'ils n'appartenaient pas à l'armée russe. Le ministère russe de la Défense avait même assuré qu'il n'avait pas de militaires dans le secteur.
Le "groupe Wagner", des mercenaires à la solde de Moscou
Aucune existence légale. De nombreux ressortissants russes combattent en Syrie comme mercenaires œuvrant pour le compte d'une compagnie militaire privée appelée Wagner, selon différentes sources. Le "groupe Wagner" n'a aucune existence légale, d'autant que les sociétés militaires privées (SMP) sont officiellement interdites en Russie.
Pourtant, la présence en Syrie de cette organisation qui a aussi combattu dans l'est de l'Ukraine a été abondamment documentée. Elle remonte à l'automne 2015, soit la période à laquelle la Russie a lancé sa campagne de frappes aériennes en soutien au régime de Bachar al-Assad, selon le journal en ligne Fontanka.ru, qui a consacré de longues enquêtes à cette organisation.
Des mercenaires pour servir les intérêts directs de Moscou. Le nombre d'hommes du "groupe Wagner" présents en Syrie a varié selon les périodes, allant de 2.500 au plus fort des combats, selon le quotidien RBK, à un millier en moyenne avant que leur présence ne se réduise à l'été 2016. Des mercenaires qui ne sont pas liés directement aux militaires russes peuvent présenter l'avantage de servir les intérêts de Moscou en Syrie sans engager la responsabilité du Kremlin.