Elle avait été maintes fois menacée et se savait en danger. La journaliste syrienne Ruqia Hassan, connue sur les réseaux sociaux sous le nom de Nissan Ibrahim, aurait été exécutée par l’organisation Etat islamique fin octobre, mais sa famille n’aurait été prévenue que très récemment, selon les médias locaux.
Installée à Raqqa pour raconter l’horreur. Cette jeune reporter indépendante, qui avait étudié la philosophie à Alep, avait choisi de s’installer à Raqqa, sa ville natale, devenue capitale autoproclamée de Daech, pour raconter au monde ce qui se passait à l’intérieur de la ville soumise à la violence des djihadistes.
Ses récits sur Facebook. Lorsque l’organisation Etat islamique a pris la ville, en 2014, la reporter avait refusé de quitter Raqqa. C’est ainsi qu’elle avait commencé à raconter, sur les réseaux sociaux, les horreurs commises chaque jour. Elle utilisait notamment sa page Facebook pour raconter, parfois avec une pointe d’humour et de cynisme, les exactions dont elle était témoin.
Dans un de ces "posts", la jeune femme racontait comment, au marché central, les habitants se cognaient les uns aux autres, "non pas à cause de la foule, mais parce que tous marchent avec les yeux rivés sur le ciel, de peur d’être bombardés".
" Ils vont me décapiter, mais je garderai ma dignité "
Le 20 juillet dernier, Ruqia Hassan avait posté son dernier message sur Facebook : "Quand Daech va m’arrêter et me tuer, écrivait-elle, ils vont me décapiter, mais je garderai ma dignité car c’est mieux que de vivre humiliée par l’Etat islamique". Selon la chaine de télévision Alaan, la jeune femme aurait été arrêtée, quelques jours après ce dernier message, début août, mais exécutée au mois d’octobre.
L’EI aurait tardé à révéler sa mort à sa famille pour pouvoir utiliser sa messagerie privée pour piéger d’autres reporters. Certains activistes – nombreux à lui rendre hommage sur Twitter – s’inquiètent de voir Daech utiliser la page Facebook de la jeune femme pour retrouver d’autres opposants.
Les journalistes ciblés par Daech. L’EI s’en prend régulièrement à des journalistes étrangers et syriens. Fin décembre, Naji Jerf, un opposant au régime de Bachar Al-Assad et à Daech, a été assassiné alors qu’il était en train de réaliser un documentaire sur les méfaits de l'organisation terroriste en Syrie.