Vendredi, une passe d'armes diplomatique d'envergure a eu lieu à l'ONU. Les Etats-Unis ont d'abord réclamé l'ouverture d'une enquête pour "crimes de guerre" à Alep, où les forces de Bachar Al Assad et la Russie bombardent la partie de la ville tenue par les rebelles, avant que Moscou réplique en menaçant de mettre son veto sur la résolution française destinée à apaiser la situation à Alep. La deuxième ville de Syrie est violemment bombardée par les troupes syriennes et russes.
"Une stratégie ciblée" pour Ayrault. "Ceux qui commettent ces actes devront être tenus pour responsables de leurs actions. Cela va bien au delà de l'accident. C'est une stratégie ciblée pour terroriser les civils et quiconque se dresse sur le chemin de leurs objectifs militaires", a protesté le chef de la diplomatie américaine lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue français Jean-Marc Ayrault. Ce dernier ira d'ailleurs au Conseil de sécurité samedi pour le vote de sa résolution sur le cessez-le-feu.
Kerry accuse la Russie d'attaquer les hôpitaux. Ancienne capitale économique de Syrie, Alep est divisée depuis 2012 entre prorégimes à l'ouest et insurgés à l'est. La ville est devenue un front crucial du conflit qui déchire la Syrie et a fait plus de 300.000 morts depuis son déclenchement en 2011. Cette semaine, des bombardements ont détruit le principal hôpital des quartiers rebelles assiégés, où vivent plus de 250.000 personnes. Selon John Kerry, "le régime a encore attaqué un hôpital la nuit dernière", tuant 20 personnes et en blessant une centaine.
Tensions au Conseil de sécurité. Les membres du Conseil de sécurité discutent depuis plusieurs jours d'un projet de résolution préparé par Paris, qui prévoit un cessez-le-feu à Alep pour permettre un accès humanitaire à la population assiégée. La réunion intervient au lendemain de l'avertissement de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, qui s'en était pris jeudi à Moscou et s'était alarmé d'une possible destruction totale des quartiers rebelles d'ici janvier. Staffan de Mistura avait suggéré que Moscou bombardait sans discernement les zones rebelles de la ville pour tenter d'éradiquer quelques centaines de djihadistes. Vendredi, Sergueï Lavrov s'était dit ouvert à appuyer la résolution française, avant de changer son fusil d'épaule.