Après la reprise de la ville de Palmyre par les troupes du régime il y a quelques jours, la cité reprend peu à peu une vie normale, mais sans l'un de ses piliers. Khaled Al Assaad, directeur des antiquités et des musées de la ville, a en effet été exécuté par Daech l'été dernier. Europe 1 a rencontré son fils à Damas.
Le fils de celui que l'on surnommait "Monsieur Palmyre", Talek, réfugié à Damas, veut retourner dans sa ville le plus vite possible. Son objectif : retrouver la dépouille de son père, décapité en place publique par les djihadistes à 82 ans. "Il y a des gens d'honneur, des gens altruistes qui ont réussi à récupérer la tête de mon père malgré les gardes de Daech. Elle était bien sûr séparée du corps. Après deux ou trois jours, ils ont aussi récupéré le corps et ils ont enterré la tête et le corps dans des endroits différents. Je ne sais pas où, mais ces gens pourront me le dire", explique-t-il.
"Après son assassinat, il y avait une colère incroyable dans la ville". Talek veut organiser des funérailles dignes de ce nom à son père. L'homme, mort en refusant de s’agenouiller, avait dit aux hommes de Daech vouloir rester debout, droit comme les palmiers et les colonnes de Palmyre, un site auquel cet historien raffiné à dédié toute sa vie et que sa mort aura certainement sauvé in fine. "Après son assassinat, il y avait vraiment une colère incroyable dans la ville", avance, des sanglots dans la voix, Maamoun Abdulkarim, qui a remplacé Khaled Al Assaad au poste de directeur des antiquités syriennes. "La colère des tribus, la colère des intellectuels... Daech n'a pas continué la destruction parce qu'il a compris que s'il continuait à détruire la ville, il y aurait une révolte incroyable contre eux. C'est la raison pour laquelle 80% de la ville de Palmyre a été préservée".