Les professionnels de santé, les hôpitaux et les cliniques syriennes ont été pris pour cible plus de 400 fois l'an dernier, affirme une étude publiée vendredi, à partir de données recueillies via l'application mobile WhatsApp.
Des cibles visées intentionnellement. 402 attaque, souvent mortelles, visant des infrastructures de santé ont été enregistrées entre novembre 2015 et décembre 2016, dans ce pays en guerre civile depuis six ans, rapporte la revue médicale britannique The Lancet. Dans les zones non contrôlées par le gouvernement syrien, près de la moitié des hôpitaux ont été frappés au cours de cette période, et un tiers l'ont été plusieurs fois. "En Syrie, la stratégie consistant à utiliser intentionnellement la violence pour restreindre ou empêcher l'accès aux soins a atteint un niveau sans précédent", alertent les auteurs de l'article.
De nombreux personnels de santé tués.Le conflit syrien a fait plus de 320.000 morts depuis 2011. Parmi eux figuraient au moins 814 soignants, estimait The Lancet en mars. Au cours de la période couverte par cette nouvelle étude, 677 personnes ont été blessées et 261 tuées dans des attaques contre le secteur de la santé.
Des données recueillies grâce à un réseau d'utilisateurs de WhatsApp. Ces données ont été recueillies grâce à un groupe WhatsApp comptant 293 membres répartis dans environ 350 structures de soins syriennes. Ce réseau est soutenu par une équipe de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) établie en Turquie, qui coordonne l'action humanitaire des Nations Unies et de dizaines d'ONG en Syrie.
Dès qu'une attaque se produit, les membres du groupe le signalent sur la messagerie puis envoient un rapport anonyme précisant le lieu, le type d'attaque et le bilan humain. Ces données sont ensuite vérifiées en les croisant avec d'autres sources. "Jusqu'à présent, il n'y avait pas de méthode standardisée pour récolter ces données de façon fiable", expliquent les auteurs de l'étude dans un communiqué.
Les soignants ont dû s'adapter. Face aux attaques de plus en plus fréquentes contre les infrastructures de santé, les soignants ont dû s'adapter pour tenter de protéger les patients, explique Alaa Abou Zeid, coordinateur de santé pour les situations d'urgence au sein de l'unité de l'OMS.
Ils ont par exemple placé à des endroits différents les blocs opératoires et les soins post-opératoires, pour "réduire le risque que tous les services soient affectés" en cas d'attaque, ou déménagé "des services entiers en sous-sol", détaille-t-il. "Notre défi désormais est de convaincre nos confrères sur le terrain de continuer le travail de collecte et de vérification des données", a ajouté le Dr Alaa Abou Zeid.