Une semaine après l'offensive sur Alep lancée par les forces du président syrien Bachar al-Assad, avec le soutien des frappes aériennes russes, c'est la désillusion pour les combattants de la rébellion, de plus en plus nombreux à déserter.
Un sujet tabou. Lorsqu'on l'interroge, Abou Cherqa assure pourtant l'inverse, discours officiel oblige. Ce commandant est à la tête de 400 hommes. Selon lui, aucun n'a pensé à partir. "On ne s'attendait pas à ce que le régime nous attaque avec cette force", confie-t-il au micro d'Europe 1. "Mais c'est comme ça, la guerre. Un jour, je te frappe, le lendemain, je reçois le coup. La bataille sera longue, mais soyez-en sûrs, depuis cinq ans, nous n'avons jamais quitté Alep. Ma femme et mes enfants y sont toujours. Même si Alep est assiégée, je reste et je ne perds pas espoir." Pour appuyer ses mots, le commandant rebelle montre des vidéos de lui et de ses hommes au combat.
"Le sentiment d'avoir été trahis par nos commandants". Les tranchées dans la campagne, les tirs de mortier, c'était le quotidien d'Ahmad il y a encore une semaine. Ce jeune rebelle chuchote. Un passeur l'a aidé à franchir la frontière turque. L'avancée des troupes du régime et les missiles russes l'ont poussé à quitter sa brigade, après quatre ans passés sur le front. "Je suis fatigué. L'armée du régime détruit tout, ce n'est pas supportable. Une bonne partie des combattants a le sentiment d'avoir été trahie par nos commandants, par le monde, donc on est beaucoup à quitter le front", explique-t-il. "Et quand on voit tous nos camarades morts pour libérer cette zone, et du jour au lendemain, le régime la reprend… Non, c'est trop dur. Non, je n'y retournerai plus."
Beaucoup attendent l'ouverture de la frontière turque aux civils. La Turquie n'a toujours pas donné son feu vert pour faire entrer les dizaines de milliers de réfugiés syriens qui fuient les violences. Ankara estime que ces combats pourraient conduire jusqu'à 600.000 personnes à l'exil. De nombreux rebelles attendent donc que la Turquie ouvre sa frontière pour quitter définitivement le champ de bataille. "Beaucoup se débarrassent de leurs armes", observe un médecin d'Alep. "La kalachnikov n'a jamais été aussi bon marché."