Les photos diffusées par les nombreux activistes sur les réseaux sociaux sont sans équivoque : à Madaya, il ne reste tellement plus rien à manger que la population se nourrit de feuilles d’arbre. Certains habitants ont même dû tuer des chats et des chiens pour survivre, raconte un militant local dans les colonnes du journal Le Monde.
Quelque 40.000 personnes, des civils essentiellement, seraient piégées dans cette localité située non loin de la frontière libanaise, prise en étau entre l’armée de Bachar al-Assad et le Hezbollah. Une grande partie des habitants sont des déplacés du bastion rebelle de Zabadani, également assiégé par les forces progouvernementales. Impossible pour la population de quitter la ville : les chemins de traverse sont semés de mines.
" Nous avons oublié le goût du pain "
Sur les trois derniers mois, Madaya n'a reçu qu'une seule fois de l'aide, le 18 octobre dernier. Et la situation y est devenue terrible, selon des habitants, des activistes et des agences humanitaires qui s'alarment. "La vie est devenue tragique. Comme très peu de choses arrivent, les aliments sont extrêmement chers", souligne Mohammad, un autre habitant. "Un sac de lait peut coûter 100 dollars, un kilo de riz 150 dollars", selon lui. C'est pour cela que "nous avons oublié le goût du pain".
"Il n'y a plus rien à manger. Je n'ai pris que de l'eau depuis deux jours", témoigne Momina, une femme de 32 ans jointe par téléphone par l'AFP. "Nous voulons juste qu'on nous dise si l'aide va arriver ou pas, car nous n'avons rien ici".
Une lueur d’espoir avec l’aide de l’ONU. Une aide humanitaire qui pourrait peut-être arriver dans les prochains jours. Jeudi, le régime syrien a autorisé l'ONU à acheminer de l'aide. Au moins dix personnes sont mortes de faim à Madaya au cours des six dernières semaines, d'après le décompte de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
" J'ai réellement vu la faim dans les yeux des gens "
"En fait, il manque de tout" à Madaya, résume Pawel Krzysiek, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui y est entré lors de la dernière livraison d'aide en octobre. "Les gens sont depuis trop longtemps sans aliments de base, sans médicaments de base, sans électricité ni eau (...) J'ai réellement vu la faim dans les yeux des gens".
Le convoi de l’ONU devrait donc arriver à Madaya dans les prochains jours, mais il n’est pas question pour le moment que les civils blessés ou les enfants puissent être évacués. Deux autres localités - Foua et Kafraya – recevront aussi une assistance humanitaire.