Trou dans la nef et branche de la croix cassée. Les chants emplissent la vieille église de leurs sonorités et s'élèvent jusqu'au plafond. Un coup d'œil suffit pour constater qu'il est constellé d'impacts de balles. Un trou dans la nef a été fraîchement rebouché, il manque encore une branche de la croix sculptée sur son fronton, mais l'essentiel est là : l'église Saint-Elie accueille à nouveau les fidèles. Ils sont un millier environ à être revenus habiter à Maaloula, une ville située à 50 kilomètres au nord-est de Damas.
Complaintes en araméen. Ici, la foi fait partie intégrante de la vie quotidienne et de l'histoire de ces murs millénaires qui portent aujourd'hui encore les stigmates de la bataille qui avait fait rage dans les rues de la ville en septembre 2013 entre les combattants du front Al-Nosra et l'armée régulière syrienne. On peut même encore entendre parler araméen, cette langue ancestrale que parlait Jésus : "Nous naissons, vivons et mourrons à Maaloula", proclame un vieil homme.
Conversion forcée à l'islam. Cette culture chrétienne a été menacée quand les djihadistes se sont emparés de la ville, forçant certains habitants à se convertir à l'islam : "Ils ont dit 'ceux qui ne crient pas Allah Akbar seront tués'. Mon père a dû le dire", se remémore Samia. Plus loin dans la vieille ville, les maisons effondrées ornent le flanc de montagne. Parmi les décombres, une autre église que désigne le maire de la ville.
Il veut montrer les icônes défigurées qui sont encore disposées, reliques cabossées d'une culture malmenée : "Nous sommes très malheureux et en colère aussi, parce que Maaloula c'est un trésor pour tout le monde, pour la civilisation, pour la religion. Nous demandons aux Occidentaux de ne pas soutenir les terroristes, mais de soutenir la paix en Syrie."
Le maire demande aussi de l'aide pour reconstruire sa ville. Et pour cause, le chantier et de taille. Non loin de là, les ouvriers s'activent sous la coupole trouée d'un monastère perché sur la montagne. Dans une pièce, près d'une fenêtre, un mur est encore taché du sang d'un sniper. De là, le djihadiste tenait toute la ville dans sa lunette.
Le reportage vidéo de notre envoyé spécial sur place
A Maaloula, dans une église saccagée par le...par Europe1fr