C'est à la surprise générale que la Russie a annoncé mercredi avoir mené ses premiers bombardements en Syrie à la demande de Bachar al-Assad. L'annonce a pour le moins surpris les Occidentaux. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue français Laurent Fabius ont immédiatement émis des doutes sur la nature des cibles frappées par l'armée russe. Etait-ce vraiment l'Etat islamique ou des opposants au régime syrien ? Eléments de réponse.
20 frappes, huit cibles de l'Etat islamique. C'est la question sur laquelle se penchent l'ensemble des services de renseignement occidentaux aujourd'hui. La réponse est que les Russes ont ciblé large. Il suffit d'ailleurs de lire le tout dernier communiqué émis par le ministère de la Défense russe et qui révèle au détour d'une phrase que sur vingt sorties, l'aviation russe a frappé huit cibles de l'Etat islamique (EI), dont un poste de commandement. Cela veut dire que douze autres cibles ne se trouvaient pas dans le giron de l'EI.
Le Front al-Nosra également visé ? Les Russes ne précisent pas quels sont leurs réels objectifs. Il semble que des positions du Front al-Nosra, la filière syrienne d'Al-Qaïda, ont été également bombardées. Un état de fait qui ne devrait pas déranger pas les Occidentaux outre-mesure. Mais le problème est que le Front Al-Nosra, bien qu'une organisation djihadiste, fait partie de l'opposition à Bachar al-Assad, combat parfois l'Etat islamique, et partage certaines lignes de front avec l'Armée syrienne libre (ASL).
Et ces brigades de l'ASL, alliées des Occidentaux, auraient pu être touchées dans ces frappes. Voilà ce qui explique les inquiétudes de John Kerry et Laurent Fabius. Tous deux voudraient obtenir plus de coopération de Moscou lorsqu'il s'agira de déterminer les prochaines cibles.