Sourires crispés, l'un parle, l'autre réplique. Les commémorations pour le 70ème anniversaire de l’Otan à Londres ont été assombries, mardi, par une passe d'armes entre Donald Trump et Emmanuel Macron. Alors que les différends se multiplient depuis quelques temps entre les deux chefs d’Etat, la conférence de presse donnée conjointement mardi a presque viré au débat. Rôle de l’Otan, lutte contre le terrorisme islamiste, taxation des Gafa… les points de crispation n’ont pas manqué. On vous résume tout.
L'Otan en état de "mort cérébrale" ? Macron "maintient" ses propos
Lui-même critique envers l'Otan, le président américain avait, dans la matinée, attaqué de front son homologue français pour avoir jugé l'Alliance en état de "mort cérébrale", qualifiant ses propos de "très insultants". C'est un jugement "très, très méchant à l'adresse de 28 pays", avait-il déclaré lors d'une conférence de presse avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg. "Personne n'a besoin de l'Otan plus que la France", a-t-il affirmé. En face à face, Emmanuel Macron a assuré qu'il "maintenait" ses propos.
Des combattants de Daech issus d’Allemagne, du Royaume-Uni... et de France, tacle Donald Trump
Autre marqueur de cette tension, un échange tendu sur l’Etat islamique. "Nous avons de nombreux prisonniers, combattants de Daech, en Syrie. Certains viennent de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni. Ils viennent surtout d’Europe. Je n’en ai pas parlé au président Macron. Voulez-vous de gentils combattants de Daech ? Allez, prenez ceux que vous voulez !", a lancé Donald Trump à son homologue. "Une grande partie des combattant de Daech vient de Syrie, d’Irak et des alentours", a voulu nuancer Emmanuel Macron. "Les combattants étrangers venant d’Europe représentent une toute petite minorité du problème", a-t-il assuré.
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La réplique commerciale à la taxation des Gafa, un "différend mineur"
Donald Trump avait durement critiqué la volonté de Paris de taxer les géants technologiques américains. L'administration Trump a déjà menacé d'imposer des droits de douane pouvant atteindre 100% sur l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français dont le roquefort, les yaourts, le vin pétillant. Mais face au président français, mardi, le milliardaire américain a semblé adopter un ton plus conciliant. Les deux dirigeants se sont accordés notamment sur leur capacité à surmonter ce que Donald Trump a qualifié de "différend mineur" commercial.
La nécessité de "réduire la conflictualité" avec la Russie
Un point de rapprochement néanmoins : Donald Trump a reconnu, dans les pas d’Emmanuel Macron, qu’il était possible de s’entendre avec la Russie. "Nous devons initier un dialogue sans naïveté avec la Russie pour réduire la conflictualité" avec ce pays, a déclaré le locataire de l’Elysée. "La situation avec le nucléaire n'est pas bonne", a expliqué de son côté Donald Trump. "Nous avons mis fin au traité INF (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, ndlr) parce que l'autre partie (la Russie, ndlr) n'y adhérait pas, mais elle veut conclure un traité et nous aussi", a-t-il souligné. "Nous pensons qu'il est possible de trouver une solution" pour les armes nucléaires, a-t-il assuré.
Après avoir affiché leurs divergences au grand jour, les deux dirigeants ont conclu cet échange de 40 minutes aussi fraîchement qu’ils l’avaient commencé : sans poignée de main.