Actuellement, on construit une immense arche pour recouvrir le réacteur 4 de la centrale. 6:00
  • Copié
, modifié à
Trente ans après la catastrophe nucléaire, la zone contaminée "est pratiquement déserte" , décrit sur Europe 1 Dominique Leglu, co-auteur des "dossiers noirs du nucléaire français".
INTERVIEW

Comment vit-on à Tchernobyl, 30 ans après une catastrophe nucléaire sans précédent ? "Ce qui frappe, c'est qu’on se souvient des images d’une forêt qui avait été totalement roussie par la radioactivité. Des tas de villages avaient été détruits. Aujourd’hui les arbres ont repoussé, les ronces poussent partout", décrit sur Europe 1 Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir, co-auteur des "dossiers noirs du nucléaire français".

La zone d’exclusion, 30 km autour de la centrale, "est pratiquement déserte à part quelques vieilles personnes, quelques babouchkas qui sont revenues", précise Dominique Leglu. "Imaginez une zone grande comme le Luxembourg, où il n’ y a que des humains que l’on guide - les touristes qui viennent visiter le site - ou qui travaillent. Actuellement, ils construisent une immense arche pour recouvrir le sarcophage" bâti à la hâte pour recouvrir le réacteur accidenté. "La dose de radioactivité qu’ils peuvent recevoir dans l’année ne peut pas dépasser 14 millisieverts." C'est moins que les travailleurs du nucléaire en France où le maximum est fixé à 20 millisieverts. "Ils sont 1.000 en permanence, mais il y a des rotations. Ils restent quinze jours à travailler et quinze jours hors du site."

La nature a repris ses droits.Les animaux se sont réappropriés le territoire. "Il y a tout, les blaireaux, les chevreuils, les cerfs, les sangliers, les lynx. Des caméras fixes les repèrent", précise Dominique Leglu. Mais, semble-t-il, pas de loup à six pattes comme l'on pourrait l'imaginer ! "Les papillons ont des ailes altérées", nuance toutefois l'auteur du dossier sur le nucléaire. "Les gendarmes, ces petits insectes rouges et noirs, ont leurs antennes modifiées." 

Des centaines de milliers d'années. Mais la zone n'est pas près de redevenir habitable. "S'il y a des petits coins où il y a du plutonium alors cela prendra des centaines de milliers d’années" pour qu'ils cessent d'être dangereux pour l'homme. Mais "Tchernobyl, le village, lui revit", pointe Dominique Leglu.  "La radioactivité n'est pas quelque chose d'uniforme. Il peut y avoir un coin qui est très radioactivé et un autre beaucoup moins."