Malgré les critiques émises par une partie des Etats européens, Bruxelles "continuera de négocier" avec les Etats-Unis le traité transatlantique de libre-échange (TTIP ou Tafta), a assuré dimanche son président Jean-Claude Juncker, en marge du G20 de Hangzhou. "Etant donné le mandat" que les Etats-membres de l'UE ont accordé à la Commission, "nous continuerons de négocier avec les Etats-Unis", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse, en dépit de la contestation manifestée au sein des gouvernements français et allemand.
"Lors du dernier Conseil européen en juin, j'ai demandé à l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement (des pays membres) s'ils voulaient que l'on poursuive les négociations. La réponse fut un oui" unanime, s'est agacé Jean-Claude Juncker. Pour lui, rien n'a changé et "il n'y a rien de neuf sous le soleil", a-t-il ajouté.
Des négociations de plus en plus critiquées. Cependant, la contestation semble s'intensifier parmi les gouvernements européens, en butte à une vive hostilité de l'opinion publique et en pleine montée des tentations protectionnistes à travers le globe. Dimanche dernier, le ministre social-démocrate allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, a estimé que les discussions avaient de facto échoué car les Européens ne devaient pas céder aux exigences des Etats-Unis. La chancelière conservatrice Angela Merkel continue néanmoins de défendre le projet.
En France, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a quant à lui indiqué que la France demanderait en septembre à la Commission, à l'occasion d'une réunion des ministres européens du Commerce, d'arrêter les négociations sur ce projet. Le président François Hollande ne s'est pas montré aussi catégorique, mais a rappelé mardi que la France ne voulait pas "cultiver l'illusion" d'un accord "avant la fin de l'année" et la fin du mandat de Barack Obama à la Maison Blanche.
Négocié depuis mi-2013 par Washington et la Commission européenne, l'accord TTIP (Transatlantic Trade Investment Partnership, aussi connu sous l'acronyme Tafta), vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d'autre de l'Atlantique. L'objectif est de créer la plus grande zone de libre-échange du monde, censée doper l'activité économique. "Nous allons continuer à négocier, d'autant que nous pensons que ces accords de libre-échange sont de la plus grande importance" pour dynamiser l'activité économique tout comme pour "lutter contre le chômage", a insisté Jean-Claude Juncker.