La société TransCanada a demandé lundi au département d'Etat américain de suspendre l'étude de son projet controversé d'oléoduc transfrontalier Keystone XL, bottant en touche jusqu'aux prochaines élections américaines. L'opérateur de pipelines a en effet écrit lundi au secrétaire d'Etat John Kerry pour lui demander "d'interrompre l'étude de la demande de permis présidentiel" déposée par TransCanada en 2008.Approbation du tracé repoussé après les élections américaines. TransCanada justifie cette suspension par le dépôt, le 5 octobre dernier, d'un dossier auprès des autorités du Nebraska (centre des Etats-Unis) requérant l'approbation du tracé de l'oléoduc dans cet Etat. En janvier 2014, la justice avait annulé l'autorisation délivrée pour la construction de cette portion, car ayant été prise par le gouverneur du Nebraska Dave Heineman, et non par une commission de service publique comme le prévoit la loi. "Nous nous attendons à ce que le processus d'approbation du tracé par la commission de service publique prenne sept à douze mois pour être achevé", note Kristine Delkus, vice-présidente de TransCanada. Cela revient à repousser l'étude du dossier de TransCanada par l'administration américaine après les élections américaines.Un Premier ministre canadien plus soucieux de l'environnement. La suspension de ce projet intervient 48 heures avant l'entrée en fonction du nouveau Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui, sans être opposé à Keystone XL, s'est déclaré plus soucieux des enjeux environnementaux et climatiques que son prédécesseur Stephen Harper, ardent défenseur de l'oléoduc1.900 kilomètres de pipeline. Le projet Keystone XL, long de 1.900 kilomètres, dont 1.400 aux Etats-Unis, vise à transporter le pétrole canadien des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'au centre des Etats-Unis, dans le Nebraska. Le dossier est emblématique du fossé idéologique qui existe aux Etats-Unis sur l'énergie et l'environnement. Pour les conservateurs, et quelques démocrates des régions concernées, le chantier est synonyme d'emplois et d'indépendance énergétique. Les démocrates, à l'inverse, souhaitent le refus du permis de construire au nom de la lutte contre le changement climatique et de la protection de l'environnement.