Au printemps, ils étaient encore dix. Désormais, l'Aquarius est le seul bateau d'ONG encore actif en Méditerranée pour sauver les réfugiés. Certains navires sont rentrés, faute de moyens. D'autres, en revanche, sont prêts à naviguer, mais restent bloqués à La Valette, la capitale maltaise.
Depuis le début de l'été, trois bateaux sont amarrés au milieu du port industriel, contre les chantiers navals, avec tout leur équipage. Et ils ont interdiction formelle de partir. Europe 1 s'est rendu sur place.
"Retenus" alors que "le nombre de morts augmente". Ces navires sont prêts à gagner le large pour aider les réfugiés. Les cales sont approvisionnées avec de l'eau, du sucre, du riz… "Le plus dur, c'est de rester bloqué comme ça. Être en mission et vivre des choses horribles, c'est notre travail. Mais là, on est retenus par Malte et on sait que le nombre de morts en Méditerranée augmente, et ça, ce n'est pas possible. Aujourd'hui, on ne sait toujours pas pourquoi nous sommes bloqués", s'exaspère Kim, le chef mécanicien de l'un des bateaux. Officiellement, les autorités maltaises vérifient l'inscription du bateau au registre néerlandais.
Deux blocs plus loin, le Lifeline, amarré depuis le 27 juin, subit le même sort. "Les accusations sont ridicules. Nous avons montré nos papiers, prouvé que nous étions correctement enregistrés. Ils font traîner l'affaire…", s'agace Neeske, un membre de l'équipage. "Si ça va jusqu'en novembre, par exemple, il y aura beaucoup plus de vent et de mer, et ce sera beaucoup plus dur pour nous d'intervenir", craint-il. Ici, les autorités semblent vouloir gagner du temps. Pour elles, certains de ces navires font le jeu des passeurs en aidant les réfugiés à regagner l'Europe.
À qui la faute ? Mais faut-il uniquement jeter la pierre à Malte ? Si ce sont bien les institutions de l'île qui peuvent autoriser les navires à repartir, c'est une décision européenne qui se cache derrière. Jeudi, deux députés européens de l'Alliance sociale démocrate sont venus visiter les bateaux, parmi lesquels l'Allemand Dietmar Koster. "C'est une question politique. Les débats juridiques autour de ces bateaux ne sont qu'un prétexte. Il y a un manque de volonté politique pour trouver une solution digne. Ce n'est pas un problème maltais, c'est un problème que nous devons traiter au sein de l'Union européenne", estime-t-il au micro d'Europe 1.
En attendant, les équipages rongent leur frein. Le capitaine du SeaFuchs, le troisième bateau amarré à Malte depuis le l'été, a reçu mercredi une proposition du gouvernement maltais : s'il s'engage à arrêter ses opérations de sauvetage, il pourra reprendre la mer.
L'Aquarius dans l'attente
Deux jours après avoir reçu l'autorisation de débarquer les 58 réfugiés rescapés à Malte, l'Aquarius patiente toujours au large de l'île. La navire attend de meilleures conditions météorologiques pour pouvoir transborder les migrants sur un bateau qui les emmènera au port. Mais il est hors de question pour SOS Méditerranée d'accoster alors que le bateau n'a plus de pavillon (le Panama lui ayant retiré son immatriculation). Et pour cause : il ne pourrait pas repartir.
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