Après avoir été le premier ancien président américain inculpé au pénal, Donald Trump est devenu jeudi le premier à se faire tirer le portrait par la justice. Ce "mugshot", réalisé dans les services du shérif de la capitale de l'Etat de Géorgie, s'est instantanément retrouvé en "Une" des médias américains et a fait le tour des réseaux sociaux.
Visage fermé, sourcils froncés, regard défiant : Donald Trump a été soumis jeudi à une prise de photo d'identité judiciaire dans une prison d'Atlanta, une première pour un ancien président dans l'histoire des Etats-Unis. Il y avait échappé lors de ses trois précédentes inculpations pénales, mais le milliardaire candidat, accusé d'avoir tenté de manipuler les résultats de la présidentielle de 2020 , n'a pas coupé à ce cliché à l'effet potentiellement infamant.
"Ne vous rendez jamais !"
Ce "mugshot", réalisé dans les services du shérif de la capitale de l'Etat de Géorgie, s'est instantanément retrouvé en "Une" des médias américains et a fait le tour des réseaux sociaux. Cette photo a aussi marqué le retour de l'ancien président sur Twitter, devenu X : Donald Trump a publié le cliché solennel, accompagné du message "Ne vous rendez jamais !", illustration de sa volonté de combattre ce qu'il estime être une "chasse aux sorcières" orchestrée par le président Joe Biden.
Sa dernière publication sur cette plateforme, autrefois son canal de communication favori, remontait à janvier 2021. Il en avait été banni après l'attaque contre le Congrès américain menée par ses partisans, mais cette suspension a depuis été levée.
Matricule P01135809
Donald Trump est désormais "fiché" comme n'importe quel justiciable poursuivi en justice, avec ses caractéristiques physiques ainsi détaillées : 1m90, 98kg, cheveux blonds vénitiens. Et le matricule P01135809.
Libéré grâce au paiement d'une caution de 200.000 dollars, le favori des primaires républicaines pour la présidentielle de 2024 a rapidement quitté la prison d'Atlanta dans un convoi motorisé placé sous haute sécurité. Juste après avoir dû subir cette procédure légale et avant d'embarquer à nouveau dans son avion privé, il a dénoncé un "simulacre de justice" et une "ingérence électorale" de la part des autorités de l'Etat de Géorgie qui l'ont inculpé.
"Rien fait de mal"
"Je n'ai rien fait de mal" en remettant en cause les résultats de la présidentielle de 2020 remportée par Joe Biden, a assuré le tribun républicain. Plusieurs des 18 co-accusés de l'ancien président étaient déjà passés cette semaine par la prison du comté de Fulton, un établissement surpeuplé et notoirement insalubre. Tous ont été inculpés le 14 août de tentatives illicites d'obtenir l'inversion du résultat de l'élection de 2020, remportée dans cet Etat clé par l'actuel président démocrate Joe Biden.
La loi sur la délinquance en bande organisée, utilisée par la procureure pour inculper solidairement les 19 accusés, prévoit des peines de cinq à vingt ans de prison. Les prévenus devraient revenir à Atlanta, cette fois au tribunal, la semaine du 5 septembre, vraisemblablement pour annoncer s'ils plaident coupable ou non.
Quatre inculpations en six mois
Les déboires judiciaires s'accumulent pour M. Trump, une ancienne star de la télé-réalité inculpée au pénal pour la quatrième fois en moins de six mois. Le septuagénaire est accusé à New York de paiements suspects à une ancienne actrice de films X, et par la justice fédérale de pressions électorales lors de la présidentielle de 2020 ainsi que de gestion négligente de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche. L'ancien président a plaidé non coupable dans toutes ces affaires.
Mais, de façon très paradoxale, chaque rebondissement lui rapporte aussi des millions de dollars en dons de campagne , versés par des trumpistes convaincus qu'il est victime d'une cabale politique. Le président américain, candidat à sa réélection, se garde bien de commenter les ennuis judiciaires de Donald Trump, soucieux de ne pas alimenter ses accusations d'instrumentalisation de la justice.
Le passage de M. Trump par la case prison en Géorgie est intervenue au lendemain du premier grand rendez-vous de la présidentielle de 2024, le débat des primaires républicaines, organisé dans le Wisconsin. L'ancien magnat de l'immobilier a snobé ce débat, se justifiant par son avance spectaculaire sur ses rivaux dans les sondages, et préférant s'exprimer dans une interview à Tucker Carlson, ancien animateur vedette de la chaîne conservatrice Fox News, diffusée sur X au même moment.