Au lendemain de la fusillade qui a fait 49 morts et 53 blessés à Orlando, soit la plus meurtrière des Etats-Unis, l'Amérique se pose désormais les questions de savoir qui était Omar Mateen et quelles étaient ses motivations, alors que l'Etat islamique a revendiqué la tuerie. Anne Deysine, politologue et juriste spécialiste des Etats-Unis, parle sur Europe 1 lundi d'un "loup solitaire". "C'est tellement facile aux Etats-Unis d'acheter des armes", confie-t-elle.
"Un individu instable." Anne Deysine dresse la comparaison entre cette tuerie dans une boîte de nuit américaine et celle de la salle de concert du Bataclan, à Paris, en novembre. "Ça ressemble de façon terrifiante au Bataclan. Je pense que c'est un individu qui a agi seul. Il a vu le Bataclan, on est à l'ère de la mondialisation. Il a certainement vu la télévision et il s'est dit 'je vais faire la même chose' et il a acheté deux armes de façon légale la semaine précédente." Quant à la revendication de l'Etat islamique, Anne Deysine y voit plus une influence qu'une attaque organisée. "On dit qu'il y a un recul de l'EI au Moyen-Orient. Mais ils continuent de diffuser, ils sont très bons en communications sur les réseaux sociaux donc ils peuvent toucher ces individus qui sont instables." Daech prône notamment le "djihad pour tous" et invite ses partisans à frapper dans leur coin.
Relancer le débat sur les armes. La grande différence avec le Bataclan, avec l'Europe, explique Anne Deysine, "c'est qu'aux Etats-Unis, des individus comme Omar Mateen peuvent agir seul. Ils n'ont pas besoin d'un réseau, il leur suffit d'aller au supermarché acheter des armes." Il y a chaque année plus de 30.000 morts aux Etats-Unis par arme à feu. "Hillary Clinton semble avoir une position anti arme à feu, ce qui est très rare aux Etats-Unis" à cause de la NRA, le lobby pro-arme très puissant.
On s'attend à une récupération politique. "Ce qui est intéressant, c'est la réaction de Trump", analyse Anne Deysine. Le candidat républicain a immédiatement tweeté en faveur d'une fermeture des frontières, l'un de ses arguments de campagne les plus forts. "Mais ce garçon est né aux Etats-Unis, il a la nationalité américaine", poursuit Anne Deysine. "Fermer les frontières n'aurait absolument rien changé. Trump va évidemment essayer de surfer sur cette tuerie."