Un tribunal d'Istanbul a commencé à juger mercredi 11 défenseurs des droits de l'Homme, dont deux dirigeants d'Amnesty International en Turquie, lors d'un procès qui suscite l'inquiétude de la communauté internationale. Neuf des accusés sont en détention préventive, comme Idil Eser, directrice d'Amnesty International en Turquie, et Taner Kiliç, président de l'ONG dans le pays, ainsi qu'un ressortissant allemand et un suédois. Taner Kiliç est accusé d'"appartenance à une organisation terroriste armée" et les autres d'"aide à une organisation terroriste armée". Ils risquent jusqu'à 15 ans de prison.
Érosion des libertés publiques. Amnesty rejette des accusations "absurdes" et "infondées", évoquant un "procès pour l'exemple" visant à intimider les militants des droits de l'Homme en Turquie dans un contexte d'érosion des libertés depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016. Après le putsch manqué, les autorités turques ont lancé des purges massives contre les partisans présumés du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme l'instigateur du coup de force, mais aussi contre des opposants et critiques du président Recep Tayyip Erdogan. Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis, dément toute implication dans la tentative de putsch.
Des dizaines de soutiens. Le procès des 11 militants des droits de l'Homme s'est ouvert dans une ambiance tendue, des dizaines de leurs soutiens essayant d'entrer dans la salle d'audience. Peu avant, un groupe de leurs soutiens s'était rassemblé devant le palais de justice de Caglayan pour appeler à leur libération. "A vrai dire, ce procès est celui de l'état des droits de l'Homme en Turquie et celui de l'état du système judiciaire turc", a déclaré à l'AFP John Dalhuisen, directeur du programme Europe d'Amnesty International.