Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué mardi l'annulation controversée la veille de l'élection municipale à Istanbul remportée par l'opposition, estimant qu'il s'agissait de la "meilleure décision". "Nous considérons que cette décision était la meilleure pour renforcer notre détermination à résoudre nos problèmes dans le cadre de la démocratie et du droit et laisser la volonté populaire arbitrer", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours devant les députés de son parti.
Il s'exprimait au lendemain de la décision du Haut-comité électoral (YSK) d'annuler l'élection municipale à Istanbul, remporté le 31 mars par le candidat commun de plusieurs partis d'opposition, Ekrem Imamoglu. La décision de l'YSK, vivement décriée par l'opposition comme un "putsch contre les urnes", a été prise après que le président Erdogan et son parti islamo-conservateur AKP eurent dénoncé des "irrégularités massives" lors du scrutin. Les Stambouliotes sont appelés à revoter pour leur maire le 23 juin.
Une annulation "incompréhensible" pour Berlin
Recep Tayyip Erdogan, qui réagissait mardi pour la première fois en public à la décision de l'YSK, a rejeté les critiques de l'opposition. "Les éléments que nous avons fournis sont très solides (...) et ne peuvent être réfutés", a-t-il affirmé, en référence aux multiples recours déposés par l'AKP auprès de l'YSK ces dernières semaines. "Nous croyons sincèrement que les élections ont été marquées par des abus commis de manière organisée", a-t-il poursuivi, évoquant "une usurpation de la volonté populaire". L'annulation du scrutin permettra, selon lui, "de lever les doutes concernant les élections à Istanbul" et "renforcer notre démocratie".
Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a jugé mardi "incompréhensible" l'annulation de cette élection. "Seule la volonté des électeurs turcs peut et doit décider de qui occupera le bureau du maire à Istanbul. Le respect des principes démocratiques de base, dans des conditions électorales transparentes, est, de notre point de vue, une priorité absolue", a ajouté le chef de la diplomatie allemande dans un communiqué.