Près de cinq ans de plus pour Recep Tayyip Erdoğan. L'actuel président turc vient d'être reconduit à la tête de la Turquie. Ce dernier a obtenu plus de 52% des voix lors du second tour de l'élection présidentielle. Mais pour celui qui est au pouvoir depuis 20 ans, le lendemain de l'élection semble mitigé, à l'image de la presse turque. "Une victoire à la Pyrrhus facile et sanglante", titre BirGün, un journal d'opposition. Un autre concurrent écrit en lettres grasses que le perdant a gagné : "Un commandant lâché par son armée", note la correspondante d'Europe 1 en Turquie.
Des électeurs déçus
Il faut dire qu'Erdoğan a été en effet balloté au premier tour pour la première fois de l'histoire politique turque. Certains électeurs sont abattus au lendemain du scrutin, eux qui rêvaient enfin d'alternance. Le président a désormais un record de longévité au pouvoir en dépassant Ataturk, le père de la Turquie moderne adulé par l'opposition. "Le symbole est fort" juge un électeur. De son côté, un journal pro-gouvernement joue l'apaisement : "Aujourd'hui, personne n'a perdu. Les 85 millions de Turcs ont gagné. Laissons les querelles électorales derrière nous et pensons à notre avenir national."
Car la Turquie est traversée par de graves crises : d'abord l'inflation. Une urgence pour les Turcs à bout de souffle. Ici, acheter de quoi manger est pour beaucoup une épreuve. La livre a perdu la moitié de sa valeur et les réserves de devises sont passées dans le rouge pour la première fois depuis 2002.
Reconstruire le sud de la Turquie détruit par le séisme
"Moi, j'applaudis le vainqueur, quel qu'il soit. Car avant tout, la Turquie doit sortir de cette situation critique. L'argent de la banque centrale a été dilapidé par Erdoğan avant les élections. Elle est aujourd'hui déficitaire de 2 milliards d'euros", s'inquiète un boulanger de 70 ans au micro d'Europe 1.
Il faudra pourtant trouver 100 milliards de dollars pour reconstruire les villes détruites par les tremblements de terre, deuxième priorité du pays. Enfin, sur le plan international, la Turquie devrait revenir à la table des négociations pour faire entrer la Suède dans l'Otan. Erdoğan bloque le processus pour tenir tête à l'Occident.