Le président du directoire du quotidien d'opposition turc Cumhuriyet, Akin Atalay, a été arrêté et placé en garde à vue vendredi, a indiqué le journal dont neuf journalistes avaient été mis en détention la semaine dernière.
La purge continue dans la presse. Akin Atalay a été interpellé à son arrivée à l'aéroport Atatürk d'Istanbul, en provenance d'Allemagne, a précisé sur son site Cumhuriyet, dont neuf journalistes, visés par une enquête sur des "activités terroristes", ont été placés en détention la semaine dernière.
La police turque avait déjà arrêté le rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, Murat Sabuncu, en octobre dernier, et les logements des dirigeants et rédacteurs du journal ont été visés par des perquisitions, selon l'agence Anadolu, tandis que la chaîne CNN Türk affirme que 13 mandats d'arrêt avaient été délivrés à l'encontre de journalistes et responsables du journal. Le parquet avait annoncé au moment des arrestations que celles-ci se faisaient dans le cadre d'une enquête pour "activités terroristes" en lien avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen - accusé d'avoir ourdi le putsch raté - et avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les conséquences du putsch raté. Akin Atalay a été arrêté à sa descente d'avion par des policiers qui l'ont fait monter dans un véhicule qui attendait sur le tarmac de l'aéroport, a précisé Cumhuriyet. Le quotidien d'opposition farouchement critique du président Recep tayyip Erdogan, a assuré après les arrestations de ses journalistes qu'il lutterait "jusqu'au bout", dans un pays où la presse a été particulièrement visée par les purges menées depuis le putsch avorté de juillet. Parmi les collaborateurs du journal placés en détention la semaine dernière figurent le chroniqueur Kadri Gürsel et le caricaturiste Musa Kart.
Une presse muselée. Des opposants au président Erdogan et des organisations de défense des droits de l'homme accusent les autorités de se servir de l'état d'urgence instauré après le putsch manqué pour étouffer toute critique. Les autorités turques nient pour leur part toute atteinte à la liberté de la presse et affirment que les seuls journalistes arrêtés sont ceux liés à des "organisations terroristes", expression désignant le PKK et le réseau güléniste.
Selon l'Association des journalistes de Turquie (TGC), 170 organes de presse ont été fermés, 105 journalistes placés en détention et 777 cartes de presse annulées depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet. La Turquie est 151e au classement mondial de la liberté de la presse dressé par RSF en 2016, derrière le Tadjikistan et juste devant la République démocratique du Congo.