La police turque a arrêté le rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, Murat Sabuncu, et les logements des dirigeants et rédacteurs du journal ont été visés par des perquisitions, selon l'agence Anadolu, tandis que la chaîne CNN Türk affirme que 13 mandats d'arrêt avaient été délivrés à l'encontre de journalistes et responsables du journal.
De supposés liens avec les séparatistes kurdes. Les motifs de cette arrestation et des perquisitions n'ont pas été précisés. Cette arrestation s'inscrit dans un contexte de purges intensives : plus de 10.000 fonctionnaires supplémentaires ont ainsi été limogés et le rétablissement de la peine de mort va être soumis au Parlement. Le régime d'Erdogan vise toute personne soupçonnée d'être liée à Fethullah Gülen, un prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé par les autorités d'être à l'origine du coup d'Etat manqué de juillet. Le quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak note cependant sur son site internet que les enquêteurs ne s'intéressent pas qu'aux liens que les journalistes de Cumhuriyet entretiennent avec les gülenistes mais aussi à leurs relations avec les séparatistes kurdes.
"La plus grande prison de journalistes au monde". Le prédécesseur de Sabuncu à la rédaction en chef du journal, Can Dündar, a été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d'Etat pour avoir publié une vidéo montrant, selon le journal, une unité des services de renseignement turcs acheminant des armes par camions vers la Syrie en 2014. Le journaliste a fui son pays après sa condamnation, dénoncée par des organisations de défense des droits de l'homme.
"La Turquie est devenue la plus grande prison de journalistes au monde", a-t-il déclaré la semaine dernière à Strasbourg, où le Parlement européen a dénoncé les atteintes à la liberté de la presse en Turquie et affirmé que la tentative de coup d'Etat ne devait pas servir de prétexte à un recul des droits démocratiques.