Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mercredi la tenue d'élections présidentielle et législatives anticipées le 24 juin, soit un an et demi avant la date prévue initialement. "Nous avons décidé de tenir ces élections le dimanche 24 juin 2018", a déclaré le président turc lors d'un point presse à Ankara après s'être entretenu avec le chef du parti ultranationaliste MHP, Devlet Bahçeli, qui avait appelé mardi à des élections anticipées.
Ces développements ont pris de court nombre d'observateurs, alors que les dirigeants turcs, dont Recep Tayyip Erdogan, ont plusieurs fois démenti ces dernières semaines les "rumeurs" d'élections anticipées. "Le Haut-comité électoral va immédiatement commencer les préparatifs pour ces élections", a déclaré Recep Tayyip Erdogan, qui a cité "l'accélération des développements en Syrie" et la nécessité de prendre rapidement des "décisions importantes" sur l'économie pour justifier l'accélération du calendrier électoral.
Contexte régional difficile. L'annonce des élections anticipées survient alors que la Turquie est confrontée à un contexte régional difficile, avec le débordement du conflit en Syrie, et une situation économique délicate, avec des signes de surchauffe malgré une forte croissance. Selon le calendrier initial, les élections présidentielle et législatives devaient se tenir simultanément le 3 novembre 2019, précédées par un scrutin municipal en mars de la même année. Le double scrutin présidentiel et législatif est crucial, car il marquera l'entrée en vigueur de la plupart des mesures renforçant les prérogatives du chef de l'État, adoptées lors d'un référendum constitutionnel en avril 2017.
Au pouvoir depuis 2003. Cette révision constitutionnelle permet à Recep Tayyip Erdogan, âgé de 64 ans, de briguer deux nouveaux mandats présidentiels de cinq ans. L'homme fort de la Turquie est au pouvoir depuis 2003, d'abord comme Premier ministre (2014), puis comme président. Mardi, Devlet Bahçeli, chef du Parti d'action nationaliste (MHP) et vieux routier de la politique turque, avait secoué le pays en appelant à des élections le 26 août, soit plus d'un an avant la date prévue du 3 novembre 2019. Ce politicien de 70 ans, autrefois très critique de Recep Tayyip Erdogan s'est imposé depuis plus d'un an comme l'un des principaux alliés du président turc, avec lequel il a d'ailleurs conclu un accord électoral en vue des prochains scrutins.