La victoire a un goût de revers pour Recep Tayyip Erdogan. Le parti du président turc est arrivé en tête des législatives, dimanche. L’AKP a perdu sa majorité absolue au Parlement avec seulement 40,7% des voix et 258 députés sur 550. Erdogan, qui voulait faire voter un renforcement de ses pouvoirs, risque de devoir dire adieu à son rêve.
Un rêve oblitéré. Le président turc avait transformé le scrutin législatif en référendum autour de sa personne. En ligne de mire de l’élection, son projet de réformer la Constitution pour octroyer davantage de pouvoir au président de la République turque et en faire un chef d’Etat à la russe.
Cette courte victoire est un premier affaiblissement depuis l’arrivée au pouvoir du parti en 2002. En 13 ans, l’AKP a remporté largement remporté toutes les élections. Dimanche, la perspective d’un gouvernement de coalition est ouvertement évoquée par un responsable de l’AKP, selon CNN Türk. Un autre dirigeant du parti islamo-conservateur évoque pour le média l’éventualité d’un gouvernement minoritaire, et donc d’élections anticipées. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu doit s'exprimer dans la soirée.
Les Kurdes au Parlement. Le parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) a largement franchi la barre des 10%, qui lui permet de faire son entrée au Parlement. Ce mouvement politique de la minorité kurde a récolté 13% des voix, pour une population estimée à 20% des Turcs. Il obtient 79 sièges au Parlement. Son dirigeant a assuré ne pas avoir l'intention de s'allier à l'AKP. Deux jours avant l’élection, un meeting du HDP a été victime d’un attentat qui a fait deux morts à Diyabakir, dans le sud-est de la Turquie.