Le photojournaliste français Mathias Depardon, détenu depuis un mois en Turquie, a reçu pour la première fois, jeudi, une visite de sa mère avec laquelle il a pu parler pendant plus d'une heure.
"Je suis soulagée de l'avoir vu, c'est un sacré cadeau", a déclaré Danièle Van de Lanotte à la sortie du centre de rétention de Gaziantep (sud-est) où est détenu Mathias Depardon. "Il avait assez bonne mine", a-t-elle dit, d'une voix émue. "On lui a donné beaucoup de livres, des vêtements, des journaux", a énuméré la mère du journaliste français, accompagnée à Gaziantep du consul-adjoint français à Ankara Christophe Hemmings et du secrétaire général de l'ONG Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire.
A propos de sa détention à Gaziantep, le photographe Mathias Depardon a parlé à sa mère de son "marathon d'émotions" @RSF_inter
— Christophe Deloire (@cdeloire) 8 juin 2017
Soupçonné de "propagande terroriste". Installé en Turquie depuis cinq ans, le journaliste indépendant, a été arrêté le 8 mai à Hasankeyf, où il réalisait un reportage pour le magazine National Geographic. Lui reprochant de travailler sans carte de presse, laquelle est en cours de renouvellement, les autorités ont transféré le journaliste dans un centre d'accueil de migrants à Gaziantep, où il est retenu depuis, malgré une décision d'expulsion émise le 11 mai. Les autorités turques soupçonnent par ailleurs le photographe d'avoir fait de la "propagande terroriste" pour avoir publié sur les réseaux sociaux des images prises lors d'un reportage sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les autorités turques doivent affronter les vrais terroristes du PKK, alors pourquoi s'en prendre à un journaliste comme Mathias Depardon ?
— Christophe Deloire (@cdeloire) 8 juin 2017
"Il faut qu'il soit relâché". "Maintenant, il faut que Mathias Depardon soit relâché", a déclaré Christophe Deloire, de RSF. "Prendre des photos d'une organisation terroriste comme le PKK, ce n'est pas être soi-même un terroriste", a-t-il souligné. Le gouvernement turc est régulièrement critiqué par les défenseurs de la liberté de la presse qui font état d'une dégradation des conditions de travail pour les journalistes, notamment depuis le putsch manqué du 15 juillet. La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.