Le procès controversé de journalistes turcs de renom, accusés de liens avec la tentative de coup d'État de juillet 2016, a repris lundi à Istanbul, avec un verdict attendu en fin de semaine.
La prison à vie requise. La dernière phase du procès des frères Ahmet et Mehmet Altan, de la journaliste Nazli Ilicak et de quatre autres personnes s'est ouverte en fin de matinée, a indiqué sur Twitter le site P24, spécialisé dans la liberté de la presse. Un procureur a requis en décembre la prison à vie pour ces journalistes notamment accusés par les autorités turques d'avoir tenté de "renverser le gouvernement" et de "renverser l'ordre constitutionnel".
Mais les soutiens des journalistes rejettent ces allégations, Ahmet et Mehmet Altan et Nazli Ilicak étant accusés d'avoir envoyé des "messages subliminaux" à la veille du putsch manqué du 15 juillet 2016. Le mois dernier, un tribunal turc avait refusé de libérer Mehmet Altan malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle estimant que son incarcération était une "violation" de ses droits.
Trois opposants emblématiques. Âgé de 65 ans, Mehmet Altan est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la politique. Il a été arrêté en septembre 2016 avec son frère Ahmet, un romancier et journaliste âgé de 67 ans qui a notamment fondé le journal d'opposition Taraf. Nazli Ilicak, journaliste et écrivain de 73 ans qui a travaillé jusqu'en 2013 pour le grand quotidien pro-gouvernemental Sabah, est en détention depuis fin juillet 2016.
155ème sur 180 au classement de la liberté de la presse. Selon la presse turque, le verdict dans cette affaire pourrait être rendu d'ici vendredi. La Turquie occupe la 155ème place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF).
Une tentative de coup d'État aux lourdes conséquences
La tentative de coup d'État a été imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux États-Unis et qui dément toute implication. Depuis, le gouvernement a lancé des purges sans précédent qui, au-delà des partisans présumés de Fethullah Gülen, ont touché des opposants politiques du président Recep Tayyip Erdogan et des médias. Plus de 50.000 personnes ont été arrêtées et plus de 140.000 limogées ou suspendues.