Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du 321e jour de l'invasion russe

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"Les forces armées ukrainiennes défendent avec honneur le territoire de Soledar". (Archives) © Diego Herrera Carcedo / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 321e jour de l'invasion russe en Ukraine, les forces ukrainiennes résistent toujours à des assauts "violents" à Soledar dans l'est du pays, près de Bakhmout. "Des combats très durs et sanglants sont en cours dans la banlieue ouest de Soledar", a notamment indiqué Evguéni Prigojine.
L'ESSENTIEL

Des combats acharnés sont en cours dans les faubourgs de Soledar, ville de l'est de l'Ukraine proche de celle de Bakhmout, le point le plus chaud du front, a indiqué mardi le chef du groupe paramilitaire russe Wagner. "Soyons honnêtes (…) L'armée ukrainienne se bat avec bravoure pour Bakhmout et Soledar. Des combats très durs et sanglants sont en cours dans la banlieue ouest de Soledar", a indiqué Evguéni Prigojine, cité sur Telegram par son service de presse.

Les principales informations :

  • Des combats "durs et sanglants" sont en cours à Soledar, une ville de l'est de l'Ukraine près de Bakhmout
  • L'UE et l'Otan se sont engagés à fournir à l'Ukraine tous les moyens militaires nécessaires pour "défendre" leur patrie
  • Une réunion de coordination des aides militaires occidentales se tiendra le 20 janvier en Allemagne
  • Kharkiv a été bombardée, quelques heures après la visite d'une ministre allemande

Soledar, un terrain de combats "sanglants"

"Les forces armées ukrainiennes défendent avec honneur le territoire de Soledar. Les affirmations faisant état de désertions massives dans ses rangs ne correspondent pas à la réalité", a ajouté Evguéni Prigojine. La ville de Soledar, située à une dizaine de kilomètres au nord-est de Bakhmout, est voisine de Bakhmoutské, un village que les séparatistes prorusses ont affirmé avoir conquis.

Denis Pouchiline, le dirigeant des séparatistes de la région de Donetsk, dont Moscou revendique l'annexion, a d'ailleurs affirmé mardi à la télévision russe que Soledar était "très proche de la libération". Les troupes de Wagner jouent un rôle de premier plan dans la bataille pour Bakhmout, une ville à l'importance stratégique contestable mais qui a pris une forte valeur symbolique, car les deux camps se battent pour son contrôle depuis des mois. Lundi, Evguéni Prigojine avait indiqué que l'assaut sur Soledar était "exclusivement" mené par des membres de son organisation.

Le ministère britannique de la Défense a confirmé mardi que l'armée russe et les unités de Wagner avaient fait des "avancées tactiques" à Soledar lors des quatre derniers jours et cherchaient "très probablement à encercler Bakhmout depuis le nord" et "à perturber les lignes de communication ukrainiennes". Selon cette source, une partie des combats vise à contrôler l'entrée d'une ancienne mine de sel à Soledar, car ses tunnels passent sous la ligne de front et pourraient servir à "s'infiltrer derrière les lignes ennemies".

Toutefois, la Russie ne risque pas d'encercler Bakhmout "dans l'immédiat", selon le ministère britannique, car l'armée ukrainienne dispose "de défenses stables en profondeur" et contrôle pour l'heure plusieurs voies de ravitaillement.

L'UE et l'Otan renforcent leur soutien à l'Ukraine

L'Union européenne et l'Otan se sont engagés mardi à fournir aux Ukrainiens tous les moyens militaires nécessaires pour défendre leur patrie et des discussions sont prévues "la semaine prochaine" sur les types d'armes qui peuvent être fournies, ont annoncé les dirigeants des deux organisations. "Des discussions sont prévues la semaine prochaine avec les Ukrainiens pour voir quels types d'armes sont nécessaires et qui, parmi les alliés, est en mesure de les fournir", a précisé le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg après la signature d'une déclaration conjointe avec les présidents des institutions de l'Union européenne.

Ces discussions se dérouleront dans le cadre du groupe de Ramstein (le groupe de contact sur la défense de l'Ukraine) créé par les États-Unis, a-t-il précisé. "La Russie a subi de lourdes pertes, mais il ne faut pas la sous-estimer. Elle mobilise plus de troupes et d'équipements. Elle est prête à souffrir pour continuer la guerre. Vladimir Poutine n'a pas changé son objectif et il faut se préparer à soutenir l'Ukraine sur le long terme", a insisté Jens Stoltenberg.

"L'Ukraine doit recevoir tout le matériel militaire dont elle a besoin pour défendre son territoire", a soutenu la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les Européens ont été les premiers à fournir des équipements militaires à l'Ukraine peu après le début du conflit, a rappelé le président du Conseil européen Charles Michel. "Le soutien militaire doit se poursuivre pour assurer que l'Ukraine puisse se défendre", a affirmé le représentant des Etats membres.

Sur les 27 pays membres de l'UE, 21 sont aussi membres de l'Otan. À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Finlande et la Suède ont présenté en mai une candidature commune en vue d'intégrer l'Alliance, abandonnant des décennies de non-alignement militaire.

Visite surprise de la cheffe de la diplomatie allemande à Kharkiv

La ministre allemande des Affaires étrangères s'est rendue mardi à Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, la première visite d'un haut représentant occidental dans cette ville proche de la frontière russe et très éprouvée par la guerre, a indiqué son ministère. Invitée par son homologue "et ami" Dmytro Koubela, Annalena Baerbock a déclaré que la population ukrainienne pouvait "compter sur notre solidarité et notre soutien" concernant l'approvisionnement en générateurs, transformateurs, combustibles ou couvertures pour survivre à l'hiver glacial, selon des propos tenus à Kharkiv, deuxième ville du pays, et transmis par le ministère allemand.

"Cette ville est le symbole de la folie absolue de la guerre d'agression russe en Ukraine et de la souffrance infinie à laquelle les gens, tout particulièrement ici dans l'est du pays, sont confrontés chaque jour", a déclaré la ministre.

Sa visite a été rendue publique alors qu'elle se trouvait déjà dans le train du retour, pour des raisons de sécurité. Nombre de dirigeants occidentaux sont allés en Ukraine depuis l'invasion russe le 24 février, y compris le chancelier Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron. Mais aucun ne s'est rendu aussi loin à l'est où les troupes russes se sont emparées de plusieurs territoires.

Kharkiv a été la cible de multiples bombardements au début du conflit, mais les forces ukrainiennes ont été en mesure de la défendre. Le front des combats s'est depuis éloigné et se trouve actuellement à environ 130 km de la ville. Le pays peut, selon Mme Baerbock, aussi compter sur la livraison d'armes dont il a besoin "pour libérer ses concitoyens qui souffrent encore de la terreur de l'occupation russe".

Après de longs mois de tergiversations, l'Allemagne a récemment annoncé l'envoi de 40 blindés "Marder" d'ici le printemps. Mais Kiev continue de réclamer des livraisons de chars de combat allemands de type "Leopard". Au sein de la coalition d'Olaf Scholz, les Verts, le parti de Mme Baerbock, et les libéraux réclament aussi d'aller plus loin. La ministre a dit par ailleurs vouloir évoquer le processus d'adhésion à l'Union européenne à laquelle aspire le pays.

L'Ukraine, ainsi que la Moldavie, s'étaient vu attribuer en juin le statut de candidat à l'UE. Mais plusieurs représentants des États membres les avaient d'ores et déjà averti de ne pas se "se faire d'illusions" sur une adhésion rapide. "Il est important pour moi que nous ne perdions pas de vue la place de l'Ukraine dans notre famille européenne, même en cet hiver de guerre", a estimé Mme Baerbock.

"Les Ukrainiennes et les Ukrainiens se battent aussi chaque jour pour le droit de vivre de manière autonome. Ils voient leur avenir en Europe, dans l'UE", a-t-elle insisté. Le gouvernement allemand entend "faire des offres très concrètes" à Kiev afin de progresser "dans le renforcement de l'État de droit, des institutions indépendantes et de la lutte contre la corruption (...)", a-t-elle dit. C'est la troisième fois qu'Annalena Baerbock se rend en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, après des déplacements à Kiev et à Boutcha, bourgade proche de la capitale ukrainienne où les troupes russes sont accusées d'avoir commis des crimes de guerre.

Kharkiv bombardée après la visite de la ministre allemande

Des bombardements russes ont eu lieu mardi soir sur Kharkiv, a annoncé le gouverneur régional, quelques heures après la visite surprise dans cette ville du nord-est de l'Ukraine de la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en compagnie de son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba. "Restez dans les abris. Les occupants bombardent une nouvelle fois !", a averti sur la messagerie Telegram Oleg Synegoubov. Un journaliste de l'AFP a entendu plusieurs explosions dans la ville, pourtant relativement épargnée ces derniers temps par les frappes russes.

Zelensky révoque la citoyenneté ukrainienne d'un proche de Poutine

Le président Volodymyr Zelensky a annoncé mardi soir avoir révoqué la citoyenneté ukrainienne du riche homme d'affaires Viktor Medvedtchouk, un proche de Vladimir Poutine, accusé par Kiev de haute trahison en faveur de la Russie. "Sur la base de documents préparés par les services de sécurité et le Service national des migrations, et conformément à la Constitution de notre État, j'ai décidé de révoquer la citoyenneté de quatre personnes" dont M. Medvedtchouk et trois autres hommes politiques, a-t-il déclaré.

Viktor Medvedtchouk, 68 ans, avait été livré à la Russie dans un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou fin septembre 2022 après avoir été emprisonné plus de cinq mois en Ukraine. Cet ancien député, né en Sibérie (Russie), était considéré comme l'homme de Vladimir Poutine en Ukraine, où il a défendu ses intérêts pendant plus de 20 ans après avoir fait connaissance au début des années 2000.

Dans la foulée de l'invasion russe le 24 février, ce richissime homme d'affaires avait fui son assignation à résidence, disparaissant dans la nature avant d'être arrêté dans sa fuite par les forces spéciales ukrainiennes le 12 avril. Vêtu d'un uniforme militaire, menotté et les cheveux ébouriffés, ce multi-millionnaire, jadis un des hommes les plus influents d'Ukraine, n'apparaissait alors plus que comme l'ombre de lui-même sur les images diffusées par les services ukrainiens.

Déjà frappé par des sanctions américaines pour son rôle dans l'annexion de la Crimée en 2014, M. Medvedtchouk est également sous sanctions britanniques. Outre M. Medvedtchouk, sont concernés par la décision de M. Zelensky Taras Kozak, Renat Kouzmine et Andriï Derkatch, tous les trois des hommes politiques ukrainiens soupçonnés de liens importants avec la Russie.

"Si les députés du peuple choisissent de servir non pas le peuple ukrainien, mais les meurtriers qui sont venus en Ukraine, alors nos actions seront appropriées", s'est défendu mardi soir Volodymyr Zelensky dans son allocution. Il n'a pas évoqué dans son message la citoyenneté russe présumée des personnes visées.

Nouvelle réunion de coordination des aides militaires occidentales

Les pays occidentaux apportant une aide militaire à l'Ukraine tiendront une nouvelle réunion de coordination le 20 janvier sur la base américaine de Ramstein (Allemagne), a annoncé mardi le commandement des forces aériennes américaines en Europe. Les ministres de la Défense et hauts-responsables militaires de ces pays se réuniront autour du secrétaire d'État américain à la Défense, Lloyd Austin, selon un communiqué du commandement.

Le ministre ukrainien de la Défense devrait aussi être présent, a-t-on précisé à l'Otan. Il s'agira de la troisième rencontre sous ce format dit "Ramstein" depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février. L'UE et l'Otan ont promis mardi de fournir aux Ukrainiens tous les moyens militaires nécessaires pour défendre leur patrie et des discussions sont prévues lors de cette rencontre sur les types d'armes qui peuvent être fournies, ont annoncé les dirigeants des deux organisations.

Le gouvernement ukrainien demande aux alliés la fourniture de chars d'assaut, notamment des Leopard 2 allemands.