La Suisse a décidé vendredi de suspendre "intégralement" l'accord sur l'assouplissement du régime des visas pour les Russes, s'alignant à nouveau sur une mesure similaire prise par l'Union européenne. Lors de sa séance, le Conseil fédéral (gouvernement) "a décidé de suspendre intégralement l'accord visant à faciliter la délivrance de visas que la Suisse a conclu avec la Russie" en 2009, indique-t-il dans un communiqué.
"Il s'agit toutefois non pas d'imposer aux ressortissants russes une interdiction générale de visa, mais de leur appliquer à nouveau la procédure ordinaire, c'est-à-dire les règles du code des visas", précise-t-il.
Les intérêts "à concourir à une politique des visas commune"
Berne s'aligne ainsi sur la décision prise par Bruxelles. "La Suisse a tout intérêt à concourir à une politique des visas commune et uniforme à l'échelle européenne, sans quoi elle risquerait d'être confrontée à une hausse du nombre de demandes de visa déposées auprès de ses représentations à l'étranger par des ressortissants russes cherchant à contourner les décisions de l'UE", justifie le communiqué.
Traditionnellement neutre, la Suisse avait rompu avec son habituelle réserve dans les jours suivant le début de la guerre en Ukraine en s'alignant sur les sanctions économiques de l'Union européenne. Elle a également imité début août les sanctions concernant les importations d'or de Russie par la Suisse. La Russie a accusé Berne de ne plus être neutre.
Une adoption des sanctions dénoncée par certains Suisses
L'adoption des mêmes sanctions que l'UE est également dénoncée en Suisse par certains. Christoph Blocher, l'ancien dirigeant du parti de l'UDC (Union démocratique du centre), un parti de la droite radicale et qui dispose du plus grand nombre de sièges au Parlement, souhaite ainsi lancer un vote populaire pour défendre une neutralité selon lui mise à mal.
Le 7 septembre, le Conseil fédéral a assuré pour sa part que "les décisions prises depuis le début du conflit en Ukraine (...) sont compatibles avec la politique de neutralité de la Suisse". Il a également estimé que la politique de neutralité "garde sa validité" et "laisse suffisamment de marge de manoeuvre à la Suisse pour réagir aux événements que traverse le continent européen depuis le début de la guerre en Ukraine".