La Suisse a annoncé vendredi qu'elle allait consacrer 100 millions de francs, l'équivalent de 103 millions d'euros, au déminage de l'Ukraine sur la période 2024-2027. Cette enveloppe permettra de fournir du matériel et former les démineurs ukrainiens à des fins humanitaires, a indiqué le gouvernement fédéral dans un communiqué. En raison de son statut de neutralité, la Suisse ne peut pas aider aux opérations de déminage à des fins militaires.
Un tiers de l'Ukraine est jonché par des mines
"L'Ukraine est aujourd'hui considérée comme l'un des pays où il y a le plus de mines et d'engins explosifs au monde", a déclaré Viola Amherd, la ministre de la Défense de la Suisse, lors d'un point de presse indiquant le plan de financement. L'usage des mines, qu'elles soient antipersonnels ou antichars, est très répandu depuis que la Russie a occupé une partie du territoire ukrainien en 2014 et il s'est considérablement intensifié depuis l'invasion lancée par Moscou le 24 février 2022. "La décontamination est une urgence absolue pour l'Ukraine et un des prérequis pour la reconstruction du pays", souligne le Conseil fédéral suisse.
"Un tiers du territoire est contaminé par des mines et d'autres engins explosifs" soit 174.000 km², précise le communiqué, ajoutant que cela représente une surface plus grande que l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord. Les agriculteurs sont particulièrement touchés et sont souvent les victimes de mines antichars lorsqu'ils labourent leurs champs. Le déminage des immenses champs de céréales et d'autres cultures est un impératif vital pour Kiev, en raison de l'importance de l'exportation des produits agricoles pour l'économie du pays. Les civils et notamment les enfants sont eux aussi victimes de mines antipersonnel, de pièges explosifs ou encore de munitions tirées, mais non explosées.
La Suisse est experte dans le domaine
La Suisse dispose d’une expertise de pointe dans la lutte antimines et le Centre international de déminage humanitaire (GICHD) est basé à Genève. Ce dernier fournit à l’Ukraine depuis dix ans des formations, un soutien stratégique et du conseil technique afin de renforcer les capacités des institutions gouvernementales dans ce domaine. La Fondation suisse de déminage (FSD) est active en Ukraine, dans le Donbass en guerre, depuis 2014. La Suisse compte également en son sein des producteurs de machines de déminage.
Viola Amherd a souligné que si le commandement Demunex de l'armée suisse doit jouer un rôle important dans ces opérations de déminage, il n'est pas prévu d'envoyer des militaires suisses sur place. Ignazio Cassis, le ministre des Affaires étrangères, a souligné que la Suisse avait déjà une bonne connaissance du terrain, puisque la Direction du développement et de la coopération qui dépend de son ministère est déjà active dans le pays. Le Conseil fédéral avait déjà débloqué une enveloppe de plus de 15 millions de francs à ces actions de déminage en 2022 et 2023.