Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont demandé mardi au président russe Vladimir Poutine "que la Russie fasse les gestes nécessaires pour créer les conditions favorables au dialogue" dans l'est de l'Ukraine, a annoncé l'Elysée.
Les deux dirigeants européens "ont souligné que le moment était venu de faire des choix pour mettre fin au conflit dans l'Est de l'Ukraine, qui pèse sur les relations entre la Russie et l'Union européenne", indique un communiqué rapportant un entretien téléphonique entre les trois responsables.
L'entretien a eu lieu au lendemain de l'investiture à la tête de l'Ukraine du comédien Volodymyr Zelensky, qui hérite d'un conflit à l'origine de presque 13.000 morts en cinq ans. Cette guerre prive l'Ukraine de contrôle sur le bassin houiller et industriel du Donbass et sur une partie de sa frontière avec la Russie.
Kiev et les Occidentaux accusent Moscou de soutenir militairement les séparatistes pro-russes à la tête de ces territoires, ce que réfutent les autorités russes malgré les constatations de plusieurs médias dont l'AFP. Les accords de Minsk de début 2015, signés sous l'égide de Paris, Berlin et Moscou, ont permis de réduire l'intensité des combats, sans mettre fin au conflit ni apporter de solution politique. La France et l'Allemagne avaient condamné fin avril la décision de Moscou de faciliter l'octroi de passeports russes aux habitants de l'est du pays, une décision qui avait été prise par le Kremlin trois jours après l'élection de Volodymyr Zelensky.
La Russie "a toute sa place" au Conseil de l'Europe, assurent Paris et Berlin
Paris et Berlin ont par ailleurs de nouveau joué l'apaisement dans la crise entre la Russie et le Conseil de l'Europe. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont assuré Vladimir Poutine "que la Russie y avait toute sa place, et marqué l'importance qu'une solution soit rapidement trouvée pour y permettre son maintien, avec tous les droits et obligations qui y sont attachés", a rapporté l'Elysée.
La France préside depuis ces derniers jours le Conseil de l'Europe, avec la tâche épineuse de sortir l'organisation paneuropéenne de défense des droits humains de sa crise avec la Russie. Pour sanctionner l'annexion de la Crimée par Moscou, l'assemblée parlementaire de l'institution (APCE) avait privé de leurs droits de vote en 2014 les parlementaires russes siégeant en son sein. Moscou a répliqué par la politique de la chaise vide. Et depuis 2017, la Russie ne verse plus sa contribution au budget annuel.
Selon les règles du Conseil, un Etat membre ne payant pas sa contribution risque l'exclusion au bout de deux ans, soit à partir de juin pour la Russie. Ce qui signifie que Moscou ne participerait pas en juin à l'élection du nouveau secrétaire général de l'organisation, une possibilité qui, selon la Russie, pourrait signifier son départ du CE. Or les ministres ont affirmé vendredi 17 mai, dans une déclaration prudente, qu'ils "appellent de leurs vœux la participation des délégations de tous les Etats membres" à la session de juin.