La France est prête à offrir sa "protection" à l'employée de la télévision russe qui a protesté en direct contre la guerre en Ukraine, soit à l'ambassade, soit en lui accordant l'asile, a annoncé Emmanuel Macron mardi, en réclamant à Moscou "toute la clarté" sur sa situation. "Nous allons lancer des démarches visant à offrir une protection, soit à l'ambassade, soit asilaire, à votre confrère", a-t-il dit devant des journalistes, ajoutant qu'il aurait "l'occasion lors de (son) prochain entretien avec le président Poutine de proposer cette solution de manière directe".
Besoin de l'accord de la Russie
La présidence française souhaite lui offrir une protection consulaire à son ambassade à Moscou mais a besoin de l'accord de la Russie, a expliqué l'Elysée. Le candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, avait auparavant demandé sur Twitter à "l'ambassade de France à Moscou d'accueillir Marina Ovsiannikova pour que la France lui accorde l'asile", alors qu'elle "dit risquer 5 à 10 ans de prison pour son geste de protestation contre la guerre en Ukraine".
Cette femme a fait irruption pendant un journal télévisé avec une pancarte critiquant l'offensive militaire en Ukraine, ce qui pourrait lui valoir jusqu'à 15 ans de prison en vertu d'une nouvelle loi, a indiqué mardi à l'AFP son avocat, Daniil Berman. Celui-ci ignore où est détenue sa cliente, qui a été aussitôt arrêtée.
"On vous ment ici", disait l'employée
Cette quadragénaire, née à Odessa en Ukraine, a fait irruption lundi soir en plein direct sur le plateau de l'un des journaux télévisés les plus regardés de Russie, sur la chaîne fédérale pro-Kremlin Pervy Kanal dont elle est employée. Elle a surgi derrière la présentatrice avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire "Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment, ici". Il s'agit d'une scène rarissime dans un pays où l'information est strictement contrôlée, et ce d'autant plus depuis le début du conflit.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui qualifié mardi cette protestation d'acte de "hooliganisme". "La chaîne et ceux qui doivent s'en occuper, s'en occupent", a-t-il commenté. Dans une vidéo enregistrée avant de passer à l'acte, Marina Ovsiannikova a expliqué que son père est ukrainien, sa mère russe, et qu'elle ne supporte plus la diffusion de "mensonges" qui "zombifient" les Russes. Depuis, elle a reçu sur son compte Facebook des dizaines de milliers de messages de soutien.