Ukraine : Zelensky présente son «plan de victoire» et exclut de céder des territoires

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À l'occasion d'un discours très attendu mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dévoilé son "plan de victoire". Il y exclut toute concession territoriale à la Russie et appelle les Occidentaux à l'inviter dans l'Otan. Moscou l'accuse de "pousser" l'Alliance atlantique à "entrer en conflit direct" avec la Russie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky  a dévoilé mercredi son "plan de victoire", à l'occasion d'un discours très attendu dans lequel il a exclu toute concession territoriale à la Russie et appelé les Occidentaux à l'inviter dans l'Otan. Ce plan figure à l'agenda de la réunion ministérielle de l'Otan qui débute jeudi à Bruxelles, a annoncé par la suite son secrétaire général Mark Rutte.

Moscou accuse Zelensky de "pousser" l'Otan à "entrer en conflit direct" avec la Russie

La diplomatie russe a elle accusé Volodymyr Zelensky de "pousser" les pays de l'Alliance atlantique à "entrer en conflit direct" avec Moscou. Moscou a balayé les propositions du dirigeant de l'Ukraine visant à obtenir notamment le déploiement de moyens de dissuasion non-nucléaire en Ukraine. "Le seul plan de paix, qui puisse être, c'est la compréhension par le régime de Kiev que sa politique est sans perspective et qu'il est nécessaire de se réveiller", a déclaré à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Après des mois de préparation en secret et une tournée européenne expresse, Volodymyr Zelensky a présenté son plan au Parlement, censé aboutir à une "fin juste et rapide" de la guerre courant 2025, rejetant l'idée de céder des territoires à Moscou en échange de la paix, malgré un manque critique d'hommes et de ressources. "La Russie doit perdre la guerre contre l'Ukraine. Il ne peut y avoir de 'gel' (du front). Il ne peut y avoir d'échange concernant le territoire de l'Ukraine ou sa souveraineté", a-t-il martelé.

Kiev et ses alliés doivent "forcer la Russie à participer à un sommet de la paix", a-t-il insisté, en référence à une conférence qu'il aimerait organiser en novembre, mais dont la tenue reste incertaine. La Russie serait invitée, contrairement à une première édition en juin. Pour Volodymyr Zelensky, il s'agit de donner à Moscou le choix entre "un processus diplomatique honnête", ou faire face aux moyens de dissuasion militaire qu'aura l'Ukraine grâce à l'Occident.

Un ensemble complet de mesures de dissuasion stratégique non-nucléaires

Pour cela, il réclame à ses alliés occidentaux des moyens de dissuasion non-nucléaires, la capacité de frapper en profondeur le territoire russe et une invitation à rejoindre l'Otan. "L'Ukraine propose de déployer sur son territoire un ensemble complet de mesures de dissuasion stratégique non-nucléaires, qui sera suffisant pour protéger l'Ukraine de toute menace militaire de la part de la Russie", a-t-il dit mercredi. Ce point est détaillé dans une "annexe secrète" qui a été présentée aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à la France, à l'Italie et à l'Allemagne.

Il a de nouveau réclamé la levée des "restrictions sur l'utilisation des armes à longue portée sur l'ensemble du territoire ukrainien occupé par la Russie et sur le territoire russe", ainsi que la poursuite de l'aide occidentale pour former et équiper "des brigades de réserve des forces armées ukrainiennes". Les Occidentaux refusent d'autoriser Kiev à utiliser librement en territoire russe les missiles qu'ils livrent, craignant une escalade, alors que Vladimir Poutine a, lui, brandi plusieurs fois la menace d'un recours à l'arme nucléaire.

"Tout faire" pour la paix

Volodymyr Zelensky, qui présentera son plan jeudi à un sommet de l'UE, a aussi demandé d'inviter son pays à rejoindre l'Otan, même si l'adhésion elle-même peut se faire plus tard. Or, la Russie a déclenché son invasion en février 2022 notamment pour empêcher un rapprochement entre Kiev et l'Alliance atlantique. Elle réclame la reddition de l'Ukraine, sa démilitarisation et cinq régions : Lougansk, Donetsk, Kherson, Zaporijjia en plus de la Crimée annexée en 2014.

A contre-courant du discours de Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand Olaf Scholz a lui appelé mercredi à "tout faire" pour empêcher la poursuite du conflit, y compris en discutant avec Vladimir Poutine, en concertation avec Kiev et les alliés de ce pays. "Si on nous demande : 'Allons-nous en parler avec le président russe', nous disons 'oui c'est le cas'", a-t-il affirmé devant les députés du Bundestag. Les forces ukrainiennes reculent depuis des mois dans le Donbass, l'est de l'Ukraine, dont la conquête est la "priorité" de Vladimir Poutine.

Moscou a encore revendiqué mercredi la conquête du village de Nevské dans la région de Lougansk, et celui de Krasniï Yar, à une douzaine de kilomètres de Pokrovsk, nœud stratégique ukrainien que Moscou tente de conquérir. Le 22 septembre, le président ukrainien avait présenté son plan au président américain Joe Biden. Mais jusqu'ici, les Etats-Unis n'ont fait aucune annonce, notamment sur l'usage des armes à longue portée.

Durant cette visite, Volodymyr Zelensky avait aussi exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à "contraindre la Russie à la paix", après plus de deux ans et demi d'un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.