Voilà un trophée peu convoité... Survival International, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes, a décerné mercredi son prix annuel du "raciste de l'année" à un député brésilien communiste, Fernando Furtado, qui a déclaré en juillet qu'il fallait "laisser mourir de faim les indiens d'Amazonie", "une bande d'homosexuels", selon lui.
En juillet, lors d'une réunion avec des bûcherons et des éleveurs de São João do Caru, à la frontière du territoire des indiens amazoniens awa, sans contact avec le monde extérieur, Fernando Furtado a déclaré à leur sujet : "Ils ne savent pas cultiver le riz, laissons-les donc mourir de faim dans la misère (...) ils ne savent pas travailler". Il les a également qualifiés de "bande d'homosexuels", souligne Survival. Fernando Furtado a toutefois été obligé de revenir officiellement sur ses déclarations, après avoir provoqué l'indignation au Brésil.
Incitation à la haine raciale. Survival appelle à ce que les propos du député soient considérés comme une incitation à la haine raciale, dans un contexte tendu. Ces derniers mois, plusieurs incendies ont été déclenchés par des bûcherons clandestins dans la région du Maranhao, dont l'un a ravagé pendant un mois l'une des principales terres indigènes, menaçant un groupe d'Awas, "l'une des sociétés les plus vulnérables du monde", selon Survival. Stephen Corry, directeur de Survival International, relève que "les remarques odieuses (de Fernando Furtado) montrent à quel point le racisme envers les peuples indigènes est présent parmi les personnes les plus influentes de la société brésilienne".
Quelque 900.000 Indiens de 305 ethnies vivent au Brésil, sur une population totale de 204 millions d'habitants. Leurs terres occupent 12% du territoire, la plupart en Amazonie, mais beaucoup doivent encore être délimitées et ont été occupées par des colons.