Un avocat serbe renommé, Dragoslav Ognjanovic, qui fut l'un des défenseurs de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, jugé pour crimes guerre, a été assassiné à Belgrade, a indiqué la police. Cet avocat de 56 ans, assassiné samedi soir devant son immeuble, était également défenseur d'un important membre du milieu en Serbie et au Monténégro, Luka Bojovic, selon la presse serbe.
Avocat d'un membre de la mafia. "La police recherche la personne qui a assassiné l'avocat Dragoslav Ognjanovic et blessé au bras son fils de 26 ans", a déclaré un responsable de la police serbe, Dejan Kovacevic. La police ne fait pas de lien entre le meurtre et sa qualité d'ex-avocat de Milosevic ou du défenseur de Luka Bojovic, qui, selon le quotidien serbe Vecernje Novosti, purge en Espagne une peine de 18 ans de prison pour possession d'armes. Bojovic est, selon ce journal, une des principales figures d'un des deux clans du milieu originaires de Kotor, au Monténégro, qui se livrent depuis plusieurs années une guerre sans merci en Serbie et au Monténégro. Ce conflit a déjà fait plusieurs morts.
Le barreau serbe s'inquiète. Un autre avocat serbe, Vladimir Zrelec, qui était avocat de Slobodan Saranovic, membre important du clan rival, lui-même assassiné en 2017, a été tué en décembre 2015 à Belgrade. Le président du barreau serbe, Viktor Gostiljac, a déclaré que la "profession entière" était "choquée par ce meurtre". Il a réclamé une réunion avec les ministres de l'Intérieur et de la Justice pour parler de la sécurité des avocats en Serbie. "Le tir contre Dragoslav Ognjanovic est un tir sur tous les avocats", lit-on dans un communiqué du barreau, qui réclame aux autorités de retrouver rapidement les auteurs de ce meurtre.
Conseillers juridiques. Dragoslav Ognjanovic faisait partie d'une équipe de conseillers juridiques de Slobodan Milosevic. Ils l'aidaient en coulisses à préparer sa défense car le dirigeant yougoslave assumait seul sa défense devant les juges du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie. Remis à la justice internationale en 2001, quelques mois après sa chute, Slobodan Milosevic est décédé le 14 mars 2006, dans sa cellule du TPIY à la Haye, avant d'être condamné. Il devait répondre de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour son rôle dans les conflits qui ont provoqué la dissolution de l'ancienne Yougoslavie dans les années 1990 (130.000 morts)