Un ex-prisonnier politique en RDA raconte la chute du mur de Berlin : "La liberté ! Ne plus être obligé de vivre avec cette idéologie"

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Hélène Khol, édité par Romain David

Au micro d'Europe 1, Henry Krause, emprisonné pour avoir tenté de fuir l'Allemagne de l'Ouest lorsqu'il avait 18 ans, se souvient de la stupeur générale quand le mur de Berlin est tombé.

Il y a 30 ans, jour pour jour, le 9 novembre 1989, le mur qui séparait Berlin-Ouest de Berlin-Est tombait, annonçant la fin du régime soviétique. Certes, le changement était dans l’air depuis des semaines, avec la pression des grandes manifestations en RDA, mais tout a basculé en quelques heures. Au micro d’Europe 1, Henry Krause, ancien prisonnier politique en République démocratique d'Allemagne, se souvient de ce moment historique.

"Nous disions souvent : 'Peut-être qu’un jour le mur tombera, mais lorsque nous serons à la retraite'." Mais le 9 novembre 1989, l’histoire s’est brutalement accélérée. À la télévision, un porte-parole du régime soviétique s'embrouille en lisant ses notes, et annonce l'ouverture immédiate des frontières, sans condition. Henry Krause se souvient avoir été pris de court, et a assisté un peu par hasard à la levée des barrières sur le pont de Bornholmer, la toute première brèche dans le rideau de fer. "Je me suis garé. Il faisait sombre. Il n’y avait pas de circulation. Je suis arrivé au moment même où les premières personnes passaient la frontière."

Jeté en prison pour avoir "trahi tout le système"

Puis il a réalisé ce que cela signifiait vraiment : "La liberté ! Ne plus être obligé de vivre avec cette idéologie, ces mensonges, cette propagande qui infiltrait tout." Cet Allemand a subi la dure répression du régime pour avoir tenté, à 18 ans, de passer à l’Ouest. Henry Krause a été arrêté par la Stasi, l’impitoyable police politique du régime, et jeté en prison avec des condamnés de droits communs. "Le personnel avait l’habitude de me dire que j’étais pire que trois meurtriers réunis parce que j’avais trahi tout le système et l’avais mis en danger", raconte-t-il.

Désormais, Henri Kraus est retourné vivre dans sa région d’origine à l’Est, et travaille comme intervenant historique dans les écoles pour raconter sa vie et la réalité de la dictature en RDA.