Un journaliste français était retenu vendredi soir par les autorités turques après avoir été interpellé pendant un reportage dans la province de Gaziantep (sud-est de la Turquie), a indiqué son employeur. Olivier Bertrand a été "interpellé sans motif" alors qu'il était en reportage, a déclaré Isabelle Roberts, présidente du média en ligne Les Jours, ajoutant que la rédaction était sans nouvelles du journaliste depuis 17 heures (16 heures GMT). "Nous exigeons sa libération immédiate", a-t-elle poursuivi, "on est très inquiets, on attend de ses nouvelles".
Les relations entre Ankara et Bruxelles toujours plus tendues. Un photographe turc qui accompagnait le journaliste français a également été interpellé, puis relâché au bout de quelques heures, selon elle. L'ambassade de France à Ankara a indiqué qu'elle était en contact avec le journaliste et les autorités turques. L'interpellation d'Olivier Bertrand survient alors que les relations entre Ankara et Bruxelles se sont tendues ces dernières semaines après l'arrestation de plusieurs journalistes et opposants politiques turcs. Arrestations, expulsions, difficultés administratives... Les conditions de travail se sont également dégradées au cours des derniers mois pour les journalistes étrangers en Turquie, selon nombre de reporters et d'associations de défense de la liberté de la presse.
Une région frappée par les attaques terroristes. "L'interpellation illégale de notre collègue français Olivier Bertrand [...] est clairement une intimidation", a réagi sur Twitter le secrétaire général de l'ONG Reporters Sans Frontières (RSF), Christophe Deloire. La province de Gaziantep, frontalière de la Syrie, accueille des centaines de milliers de réfugiés syriens et irakiens et a été frappée par plusieurs attentats attribués au groupe Etat islamique (EI) au cours des derniers mois.
Un examen médical. Olivier Bertrand pourrait être retenu plusieurs jours "en attendant que le gouverneur de Gaziantep statue sur sa situation", a indiqué le représentant de RSF en Turquie, Erol Onderoglu. Ce dernier a indiqué avoir pu joindre par téléphone le journaliste en début de soirée. "Il était alors dans une voiture de police qui l'emmenait à l'hôpital pour passer un examen médical, comme c'est la pratique avant un placement en garde à vue", a-t-il déclaré.
Depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet, les autorités turques ont lancé des purges qui ont notamment frappé les médias et les journalistes turcs de plein fouet. Vendredi, le patron du quotidien d'opposition Cumhuriyet, Akin Atalay, a été placé en garde à vue, quelques jours après l'incarcération du rédacteur en chef et de plusieurs collaborateurs du journal.