Un juge fédéral du Missouri a suspendu temporairement mardi l'application d'une loi très restrictive sur le droit à l'avortement qui devait entrer en vigueur mercredi dans cet Etat conservateur du centre des Etats-Unis. Le juge, Howard Sachs, a estimé que cette loi interdisant les avortements à partir de la huitième semaine allait à l'encontre de la décision de la Cour suprême américaine qui garantit le droit à l'interruption volontaire de grossesse tant que le fœtus n'est "pas viable", soit vers la 24e semaine de grossesse.
La loi, a-t-il expliqué dans ses attendus, "est en conflit avec la décision de la Cour suprême selon laquelle aucune limite législative ou judiciaire sur l'avortement ne peut être mesurée en terme de semaines de développement du fœtus". Il n'a en revanche pas bloqué la partie de la loi interdisant les avortements sur la base du sexe, de la couleur ou d'un risque de trisomie 21 pour l'enfant à naître.
L'offensive des conservateurs contre le droit à l'avortement
"Nous sommes encouragés par la décision de justice qui a confirmé les caractères anti-discrimination de la loi et nous avons hâte de régler les autres problèmes", a réagi sur Twitter le gouverneur républicain Mike Parson. Plusieurs Etats conservateurs du centre et du sud du pays ont lancé une grande offensive contre le droit à l'avortement en adoptant des législations très restrictives qui ont fait l'objet de recours judiciaires. Ils espèrent in fine voir la Cour suprême, désormais à majorité conservatrice, revenir sur son arrêt emblématique Roe v. Wade qui avait légalisé l'IVG en 1973.
Au fil des ans, les cliniques pratiquant l'avortement se sont vues imposer des conditions de plus en plus drastiques. Dans le Missouri, la dernière clinique de l'Etat est en sursis depuis fin mai à Saint-Louis, le gouverneur Mike Parson ayant laissé expirer sa licence d'exploitation. La puissante association de défense des droits civiques ACLU et l'organisation de planning familial Planned Parenthood, qui gère la clinique de Saint-Louis, se sont également félicitées de la décision judiciaire.
"Le peu d'accès à l'avortement qui reste dans le Missouri reste en place pour le moment. Entre temps, nous ne pouvons ignorer la partie de cette loi qui reste en vigueur, qui permet aux responsables politiques de s'ingérer dans la relation entre une patiente et un soignant", a cependant tempéré la présidente de Planned Parenthood, Alexis McGill Johnson.