Un ministre bolivien séquestré et assassiné par des mineurs en colère

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avec AFP , modifié à

Rodolfo Illanes a été torturé et battu à mort par des mineurs qui réclamaient une réforme du droit du travail en Bolivie.

Le vice-ministre bolivien de l'Intérieur Rodolfo Illanes, séquestré par des mineurs qui bloquaient une route depuis plusieurs jours, a été assassiné par ses ravisseurs, a annoncé jeudi soir le ministre de l'Intérieur Carlos Romero.

Pour une réforme du droit du travail. "Tous les indices montrent que notre vice-ministre Rodolfo Illanes a été lâchement et brutalement assassiné", a indiqué Carlos Romero au cours d'une conférence de presse. La victime se rendait sur les lieux de la manifestation, à Panduro, un village de haute altitude situé à une centaine de kilomètres à l'ouest de La Paz, pour entamer un dialogue avec les mineurs qui exigeaient une réforme du droit du travail.

"Torturé et battu à mort". Selon les autorités, il a été intercepté par les mineurs qui l'ont séquestré puis tué. Rodolfo Illanes "a été humilié, torturé et battu à mort (...) selon les informations que nous avons", a détaillé le ministre de la Défense Reymi Ferreira. "Nous essayons dans un premier temps de récupérer le corps de Rodolfo Illanes par la voie du dialogue", a indiqué Reymi Ferreira, démentant avoir envoyé des militaires pour chercher la dépouille du vice-ministre. "100 à 120 personnes ont été arrêtées", d'après lui et "les meneurs ont été identifiés".

"Un acte criminel sans précédent". Le président Evo Morales, qui a été averti, s'est dit "profondément ému", a t-il rapporté. "Cet acte ne restera pas impuni, il y aura des sanctions pénales", a enfin averti le ministre de la Défense. Le ministre de l'Intérieur Carlos Romero a évoqué un "acte criminel sans précédent" et appelé la justice à faire toute la lumière sur cette affaire. Rodolfo Illanes, un avocat pénaliste de 56 ans avait pris son poste de vice-ministre en mars et devait jouer un rôle de médiateur avec les mineurs. Ces derniers bloquent depuis plusieurs jours un axe routier important pour exiger le droit de se réunir en syndicats. Selon le ministre de l'Intérieur, ils cherchent en réalité à recevoir l'autorisation de louer leurs concessions minières à des entreprises privées et étrangères, ce qui est interdit par la Constitution. Des échauffourées opposant les forces de l'ordre et les manifestants ont eu lieu ces trois derniers jours. Une vingtaine de policiers ont été blessés et plusieurs mineurs tués.