Un Nord-Coréen fuit par la mer vers la Corée du Sud, le premier en 15 mois

© ANTHONY WALLACE / AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : ANTHONY WALLACE / AFP
La plupart des transfuges passent d'abord par la Chine voisine, puis par un pays tiers avant de rejoindre la Corée du Sud. Cette défection intervient à un moment où les relations entre les deux pays sont au plus bas. Pyongyang a entrepris de renforcer ses liens militaires avec la Russie et envoie des milliers de ballons lestés d'ordures vers le Sud.

Un Nord-Coréen s'est enfui vers la Corée du Sud en traversant la frontière maritime en mer Jaune, a annoncé jeudi Séoul. C'est la première fois en quinze mois qu'un transfuge emprunte cette voie. En mai 2023, une famille de neuf personnes avait fui en bateau. "L'armée sud-coréenne a mis en sécurité un individu présumé nord-coréen et l'a remis aux autorités compétentes", a déclaré l'état-major interarmées sud-coréen, ajoutant qu'aucun mouvement inhabituel de l'armée nord-coréenne n'avait été détecté.

"Les autorités enquêtent sur le processus exact" ayant conduit à la défection de cette personne, arrivée tôt jeudi sur l'île de Gyodong, située au large de la côte ouest de la péninsule, à moins de cinq kilomètres de la Corée du Nord, a précisé l'état-major.

Des dizaines de milliers de fugitifs depuis les années 1950

La plupart des transfuges passent d'abord par la Chine voisine, puis par un pays tiers comme la Thaïlande, avant de rejoindre la Corée du Sud. "Deux transfuges avaient été initialement repérés, ce qui soulève la possibilité que l'un d'entre eux n'ait pas réussi à traverser", a de son côté signalé l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant des sources militaires anonymes. Des dizaines de milliers de Nord-Coréens ont fui vers la Corée du Sud depuis que la péninsule a été divisée par la guerre dans les années 1950.

 

Cette défection intervient à un moment où les relations entre les deux pays sont au plus bas. Pyongyang a entrepris de renforcer ses liens militaires avec la Russie et envoie depuis plusieurs mois des milliers de ballons lestés d'ordures vers le Sud. Le rythme des évasions avait considérablement diminué depuis 2020, la Corée du Nord ayant verrouillé ses frontières pour empêcher la propagation du Covid-19 en donnant pour ordre de tirer à vue le long de la frontière avec la Chine.

Des inondations qui favoriseraient les défections ?

Mais le nombre des transfuges, surtout des diplomates et des étudiants, a presque triplé l'an dernier pour atteindre 196, contre 67 en 2022, a souligné Séoul en janvier. "La Corée du Nord a récemment subi de graves inondations qui ont causé beaucoup de dégâts" et "il est possible" que certains "aient profité de cette confusion pour faire défection", explique à l'AFP Cheong Seong-chang, le directeur de la stratégie pour la péninsule coréenne à l'Institut Sejong.

De fortes pluies ont frappé les régions du Nord fin juillet et les médias sud-coréens ont fait état d'un bilan qui pourrait atteindre 1.500 morts. La Corée du Sud a réagi à l'intensification des essais d'armes nord-coréens en reprenant les exercices de tirs réels ainsi que la propagande près de la frontière et en suspendant un accord militaire visant à réduire les tensions.

 

Ahn Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord, estime que la dernière défection en date pourrait être le signe que ces mesures portent leurs fruits. "Les tracts anti-Pyongyang distribués par des militants sud-coréens et les émissions par haut-parleur peuvent susciter des émotions chez les Nord-Coréens et les inciter à faire défection", a-t-il dit à l'AFP.