Don Luigi Ciotti, un prêtre devenu célèbre en Italie pour sa lutte incessante et risquée contre les mafias, a lancé dimanche un appel aux organisations mafieuses pour qu'elles révèlent où sont enterrées les corps de leurs victimes.
Contre "la peste mafieuse". Le fondateur de Libera, la principale association italienne antimafia qui s'occupe notamment de la reconversion des biens mafieux confisqués, organisait dimanche dans la petite commune calabraise de Locri une journée en mémoire de toutes les victimes, en présence de leurs familles et du président italien Sergio Mattarella. "Hommes et femmes des mafias, dites-nous au moins où vous avez enterré les victimes de ces familles qui n'ont jamais eu la possibilité de pleurer sur leurs tombes", a lancé le prêtre, dans un discours retransmis sur les chaînes d'information italiennes. "Les mafias ne tuent pas uniquement avec la violence, les victimes sont aussi les personnes à qui les mafias enlèvent espoir et dignité", a-t-il insisté en évoquant "la peste mafieuse".
"Disons non à la 'Ndrangheta !" (mafia calabraise), a lancé pour sa part l'évêque de la ville, Francesco Oliva. "Cette terre regarde vers l'avant et veut laisser derrière un passé triste d'injustice, maculé de sang", a-t-il dit. Les noms de nombreuses victimes des organisations mafieuses ont été égrenés, dont celui de Piersanti Mattarella, frère du président de la République italienne Sergio Mattarella. "L'Italie a fait des pas en avant dans la lutte contre les mafias, mais il est nécessaire de ne pas s'arrêter", a déclaré devant les familles le chef de l'Etat. "Il faut réduire à néant les zones grises, celles de la complicité qui fait le terreau de tant de pratiques corrompues", a dit Sergio Mattarella.
Le président italien appelle à "la résistance civile". "Comme disait Giovanni Falcone, 'la lutte contre la mafia ne peut s'arrêter à une seule pièce, la lutte contre la mafia doit inclure l'immeuble entier", a-t-il ajouté, rendant ainsi hommage au célèbre juge italien antimafia assassiné en Sicile en 1992 par Cosa nostra (la mafia sicilienne). Le président italien a également appelé à "la résistance civile", estimant que "la lutte contre le phénomène mafieux n'aurait pas pu atteindre des niveaux aussi élevés sans une profonde prise de conscience de nos concitoyens, sans un puissant changement de mentalité, sans la promotion d'une culture de la légalité".