Condamné pour avoir tenté de se suicider. Un réfugié Iranien a été condamné à 200 dollars australiens (137 euros) pour avoir tenté de mettre fin à ses jours sur l'île de Nauru, une île du Pacifique où l'Australie gère un camp de réfugiés controversé et dont les conditions sont dénoncées par les ONG. Le procureur avait requis un ou deux mois de prison, arguant qu'il était nécessaire de se montrer ferme pour dissuader ceux qui ont recours à de tels procédés "pour obtenir ce qu'ils veulent".
Un délit de tentative de suicide. "C'est dégoûtant. Le gouvernement de Nauru a inculpé un réfugié de 'tentative de suicide' après qu'il a tenté de mettre fin à ses jours", a tweeté la sénatrice australienne Sarah Hanson-Young tard vendredi. Un communiqué du gouvernement de Nauru daté du 12 avril a indiqué que l'homme, père d'une fillette de huit ans, avait plaidé coupable. Le suicide est désormais considéré comme un délit à Nauru, après plusieurs tentatives de suicide de demandeurs d'asile.
Forcé de revenir dans le camp de réfugiés. Selon l'Australian Broadcasting Corporation, l'Iranien, Sam Nemati, a été détenu pendant deux ans dans le centre géré par l'Australie à Nauri. Il a voulu s'installer à Nibok pour que sa fille puisse avoir des compagnons de jeux. Mais lorsque les policiers ont voulu les forcer à revenir au camp, il a tenté de mettre fin à ses jours. L'homme a été hospitalisé avant d'être jugé. "C'est tout à fait inapproprié de considérer une tentative de suicide comme un délit", a estimé Barri Phatarfod, de l'ONG Doctors For Refugees. "Cela montre que les affirmations du gouvernement (australien) selon lesquelles les gens à Nauru seront traités de la même manière qu'en Australie sont un mensonge", a-t-elle ajouté dans une déclaration à la chaîne ABC.
188 cas recensés à Nauru en un an. L'Australie mène une politique d'immigration très dure : les bateaux de migrants sont refoulés en haute mer et ceux qui parviennent malgré tout à gagner les rives sont placés dans des camps à Nauru, sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée, et sur l'île Christmas, dans l'océan Indien. Même si leur demande d'asile est jugée fondée, les réfugiés n'ont pas le droit de s'établir en Australie, mais se voient proposer une installation dans un pays tiers. Selon un rapport rendu public en janvier, un demandeur d'asile porte atteinte à son propre corps en moyenne tous les deux jours dans des centres au large de l'Australie. Selon le rapport, 188 cas d'automutilation ou de tentatives de suicide impliquant des demandeurs d'asile ont été recensés à Nauru en un an, de juillet 2014 à juillet 2015, et 55 autres à Manus Island, en Papouasie, pour la même période.