Un enfant syrien sur trois est né depuis que le conflit a débuté il y a cinq ans et a grandi de ce fait dans un contexte "de violence, de peur et de déracinement", selon un rapport de l'Unicef publié lundi. Cette organisation des Nations-Unies estime que 1,4 milliard de dollars de fonds sont nécessaires en 2016 pour aider ces enfants à retrouver leur dignité et leur bien-être. Elle déplore toutefois n'avoir reçu que 6% du financement requis.
80% des enfants impactés. Quelque 3,7 millions d'enfants sont nés depuis le 15 mars 2011, date du début de la révolte en Syrie qui a dégénéré en une guerre civile, selon ce rapport intitulé "Pas de place pour les enfants". Parmi ces enfants, 151.000 sont nés dans les pays d'accueil de réfugiés syriens, essentiellement le Liban, la Jordanie et la Turquie. Au total, le conflit affecte aujourd'hui plus de 80% des enfants syriens, soit 8,4 millions, qu'ils soient en Syrie ou exilés, selon l'agence de l'ONU pour l'enfance.
La violence, "monnaie courante" pour les enfants. "En Syrie, la violence est devenue monnaie courante, affectant logements, écoles, hôpitaux, cliniques, parcs, terrains de jeux et lieux de culte", déplore Peter Salama, son directeur régional pour le Moyen-Orient et Afrique du Nord. Il estime à sept millions le nombre d'enfants vivant dans la pauvreté. Le rapport recense par ailleurs 1.500 "violations graves" perpétrées en 2015 contre des enfants syriens, dont 60% ont été victimes "d'armes explosives utilisées dans des zones peuplées". Plus d'un tiers de ces enfants ont été tués à l'école ou alors qu'ils s'y rendaient.
Mariées tôt ou enrôlés dans l'armée. Dans les pays voisins, le nombre de réfugiés est près de dix fois plus élevé aujourd'hui qu'en 2012 et la moitié d'entre eux sont des enfants, dont plus de 15.000 sont non accompagnés et séparés de leurs parents. "Cinq ans après (le début de) la guerre, des millions d'enfants ont grandi trop vite", souligne Peter Salama. Ils "continuent d'abandonner l'école, et beaucoup d'entre eux sont forcés de travailler, tandis que les filles se marient tôt". Selon l'Unicef, les belligérants continuent de recruter des enfants à un âge de plus en plus bas.