Ce sont deux poids lourds des ventes d'armes mondiales. Sur ce marché très controversé, les Etats-Unis sont premiers et la France deuxième. Et pour cause, les deux puissances multiplient les clients, quitte à parfois vendre leur matériel de pointe à des régimes pour le moins contestés, à commencer par l'Arabie Saoudite. C'est ce qu'a dénoncé lundi l'ONG new yorkaise Control Arms en lançant un appel à l'occasion de la deuxième conférence des Etats parties au Traité sur le commerce des armes (TCA).
Le problème yéménite pointé du doigt. Le TCA prévoit notamment l'interdiction d'exporter des armes conventionnelles si l'Etat partie a des raisons de penser que celles-ci pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre ou des attaques dirigées contre des civils. En continuant à vendre des armes à l'Arabie Saoudite, qui dirige depuis mars 2015 au Yémen une coalition militaire contre la rébellion chiite, les principaux exportateurs d'armes qui ont signé le TCA se rendent coupables de "la pire des hypocrisies", a dénoncé Anna Macdonald, directrice de l'ONG Control Arms. "Chaque jour, nous voyons l'impact dévastateur de la vente d'armes et de munitions utilisées contre les civils au Yémen", a-t-elle ajouté, lors d'une conférence de presse.
Paris aurait engrangé 18 milliards de dollars de Riyad en 2015. L'Arabie saoudite fait face à des critiques répétées de la part des défenseurs des droits de l'Homme en raison du nombre élevé de civils tués dans les raids aériens au Yémen. Le TCA compte actuellement 130 Etats signataires, dont plus de 80 l'ont ratifié. La France et le Royaume-Uni l'ont fait, tandis que les Etats-Unis ont signé le traité mais ne l'ont pas ratifié, le Congrès américain l'ayant rejeté. Selon Control Arms, en 2015, la France a autorisé la vente d'armes à l'Arabie Saoudite à hauteur de 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros). Au cours de la même période, les Etats-Unis ont approuvé la vente d'armes à Ryad pour 5,9 milliards de dollars (5,2 milliards d'euros). Pour le Royaume-Uni, ce chiffre a été de 4 milliards de dollars (3,5 milliards d'euros).