La ville de garnison de Jitomir, à 140 kilomètres de Kiev, vit quotidiennement sous les bombes depuis le début de l'offensive russe il y a neuf jours. Des frappes à l'aveugle qui ont touché cette semaine un quartier résidentiel et une maternité. Notre envoyé spécial sur place est allé à la rencontre des habitants, déterminés à tout reconstruire.
Au neuvième jour de l'offensive russe en Ukraine , Jitomir, la ville de garnison à un peu plus d'une centaine de kilomètres de Kiev, résiste toujours. Mais elle vit quotidienne sous les bombes et les frappes à l'aveugle. Un quartier résidentiel et une maternité ont même été touchés. Depuis les habitants et des volontaires se mettent au nettoyage et à la reconstruction. Et contrairement à l’effet escompté, ces gros dégâts n'ont fait que renforcer l’envie de résistance des Ukrainiens. C'est ce qu'a constaté l'envoyé spécial d'Europe 1 sur place, Nicolas Tonev.
Dans la neige et la boue, Dima progresse sur les décombres. "Regardez, la bombe est tombée là. Il y a un trou de sept mètres de diamètre, c'est l'épicentre de l'explosion et elle a tout détruit. Ici, il y avait une maison. Un homme y est mort", raconte-t-il. Les souvenirs remontent et la colère de Dima explose. "Les Russes sont venus d'eux-mêmes. Ce sont des occupants. Nous ne donnerons pas notre terre. Je ne veux pas vivre dans leur merdier", lance-t-il.
"La naissance d'une fille, c'est la paix"
À 150 mètres de là, la maternité régionale a été frappée par le souffle de l'explosion. "Quasiment toutes les chambres sont touchées. Les fenêtres et les portes sont brisées", désespère Yelena. La médecin-chef a réorganisé l'essentiel en 24 heures au souterrain. "Dans l'abri antiaérien, on a improvisé une salle d'accouchement et des postes de réanimation pour les enfants les plus petits. La nuit de la bombe, alors que l'on attendait une naissance, on espérait une seule chose : que ce soit une fille. Car selon le dicton, "une fille, c'est la paix". Quand elle est arrivée, il y a eu des incantations : 'Gloire à l'Ukraine, mort à l'ennemi'", se souvient-elle.
Émue, Yelena confie alors sa colère froide. "Certains disent que 10 ou 15 ans passeront et que l'on oubliera tout cela. Si je vis encore dix ans, je n'oublierai pas. Et mon fils non plus n'oubliera pas." Yelena a tout de même un espoir : faire naître autant de petits Ukrainiens que possible quand la maternité retrouvera ses murs.