Une vingtaine de fœtus féminins ont été découverts dans un égout en Inde, a annoncé lundi la police de l'Etat du Maharashtra, illustration du fléau de l'avortement sélectif des filles dans le pays. "Nous avons trouvé dix-neuf fœtus et essayons d'arrêter le docteur, qui est en fuite", a déclaré Dattatray Shinde, un responsable de la police du district de Sangli. Les fœtus ont été découverts dimanche soir dans un égout à côté d'une clinique du village de Mhaisal, enveloppés dans des sacs en plastique bleu.
Cette découverte macabre est intervenue après le décès d'une femme de 26 ans au cours d'un avortement. "Nous avons arrêté le mari de la victime, Praveen Jamdade, pour l'avoir poussée à avorter", a-t-il ajouté.
Les femmes perçues comme un fardeau financier. La société indienne privilégie la naissance de garçons, vus comme des gagne-pain pour la famille. A l'inverse, les filles sont perçues comme un fardeau financier, surtout en raison de l'importante dot qu'il faudra payer pour leur mariage.
Les tests prénatals interdits. Les tests prénatals de détection du sexe de l'enfant sont interdits dans ce pays de 1,25 milliard d'habitants, afin d'empêcher les parents désirant un garçon d'avorter de leur fille en gestation. Mais malgré la réglementation, il s'agirait pourtant d'une pratique courante, notamment dans les zones rurales pauvres.
12 millions de foetus féminins avortés. Jusqu'à 12 millions de foetus féminins auraient été avortés en Inde au cours des trois dernières décennies, selon une étude parue en 2011 dans la publication médicale britannique The Lancet. Ce qui n'est pas sans poser de problème. Dans de nombreuses régions d'Inde, les foeticides aboutissent à un déficit de femmes. Ainsi, il y a 940 femmes pour 1.000 hommes, selon le dernier recensement national, en date de 2011. Une légère amélioration par rapport au précédent comptage une décennie plus tôt : ce ratio était alors de 933 femmes pour 1.000 hommes.