Mardi matin sur Europe 1, François Hollande a annoncé que la conférence internationale prévue le 30 mai à Paris pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien était décalée à l'été. Un report qui intervient alors que la France est vivement critiquée par Israël pour avoir signé une résolution de l’Unesco visant à protéger le patrimoine de Jérusalem-Est.
Que dit le texte de l’Unesco ?
A l'initiative de plusieurs pays arabes, le conseil exécutif de l'Unesco a adopté mi-avril, avec la voix de la France, une décision sur la "Palestine occupée" visant à "sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est".
La vieille ville de Jérusalem et ses remparts sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril depuis 1982. Régulièrement, le comité chargé d’observer l’état du patrimoine se déclare "profondément préoccupé" par le comportement des autorités israéliennes en matière de fouilles et de construction. La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, avait d’ailleurs déclaré le 17 avril dernier que "rien ne devrait être entrepris qui puisse modifier l’intégrité et l’authenticité" de Jérusalem.
Pourquoi fait-il polémique ?
C’est la formulation maladroite du texte qui a provoqué l’ire du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Ce dernier s'est indigné que le texte ne fasse jamais référence à l'esplanade des Mosquées comme mont du Temple, l'appellation sous laquelle les juifs révèrent le lieu, ou ne cite le mur des Lamentations qu'entre guillemets. Selon lui, ce texte nie le "lien historique" entre les juifs et Jérusalem.
De leur côté, les responsables juifs français ont tous déploré que la France se soit associée à cette résolution, dans laquelle le grand rabbin de France Haïm Korsia a pointé "la litanie maladive des termes ‘Israël, puissance occupante’".
Que dit la France sur ce texte ?
Dans un premier temps la France avait défendu son vote. "Nous avons voté en faveur de cette résolution dont l’objet principal est la préservation du statu quo à Jérusalem, qui est menacé, et la préoccupation face à la poursuite de la colonisation", avait fait savoir le quai d’Orsay, le 25 avril.
Finalement, en visite le week-end dernier en Israël, le ministre français des Affaires étrangères a apporté quelques nuances. Jean-Marc Ayrault a évoqué "des formulations malencontreuses et blessantes, qui auraient pu et dû être évitées". Le chef de la diplomatie française a ajouté que la France les regrettait, tout en soulignant que "la position de la France sur Jérusalem n'a pas changé : Jérusalem est une ville fondamentale pour les trois grandes religions monothéistes et appartient à tous les croyants, juifs, chrétiens et musulmans".
Ce qu’a promis le chef de l’Etat
François Hollande a, lui aussi, répondu, la semaine dernière, aux critiques du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dans une lettre adressée à son président, Roger Cukierman. Le chef de l’Etat lui a assuré que "rien dans le vote de la France ne devait être interprété comme une remise en cause de la présence et de l'histoire juives à Jérusalem".
Mardi sur Europe 1, François Hollande a, à nouveau, répondu aux critiques, en déplorant le vote "fâcheux" par la France de cette résolution controversée. "Là, il y a eu un amendement fâcheux (...) qui a brouillé ce texte (...) Puisqu'il y aura une nouvelle résolution au mois d'octobre, je serai extrêmement vigilant et je la regarderai personnellement", a-t-il ajouté. "Elle sera refaite au mois d'octobre (...) Il n'est pas possible que les lieux saints puissent être mis en cause ou en doute quant à l'appartenance aux trois religions", a-t-il martelé.
Une polémique dans un climat tendu
Une conférence internationale pour relancer le processus de paix entre Israël et les territoires palestiniens devait avoir lieu le 30 mai. François Hollande a annoncé mardi matin sur Europe 1 qu’elle serait reportée à l’été, non pas à cause de cette polémique, mais parce que le secrétaire d’Etat américain John Kerry ne pouvait pas être présent fin mai.