Deux pompiers ont été accusés d'"incitation à la haine" au Venezuela pour s'être moqué du chef de l'État, incarné par un âne baptisé "Maduro" dans une vidéo diffusée sur Internet, et ils risquent jusqu'à 20 ans de prison, a dénoncé lundi une ONG.
Deux hommes déjà en détention pour "incitation à la haine". Un tribunal a ordonné une "mesure de privation de liberté" (détention provisoire) à l'encontre de Ricardo Prieto et Carlos Varon, arrêtés mercredi dans la ville de Merida (dans l'ouest du pays), pour "incitation à la haine" aggravée, a déclaré lundi Fernando Cermeño, représentant de l'ONG Foro Penal dans cette région.
#DenunciaEP | Este #12Sep, el DGCIM detuvo a dos bomberos del @CNB_Merida (Carlos Baron y Ricardo Prieto), por presunta publicación de video de burla a Maduro #14Seppic.twitter.com/BaeCFzdyrr
— Espacio Público (@espaciopublico) 14 septembre 2018
L'arrestation de ces deux pompiers, de 41 et 45 ans, est intervenue après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo parodiant une visite officielle du chef de l'État vénézuélien Nicolas Maduro, représenté par un âne, dans leur caserne. Sur ces images, accessibles sur Internet, on peut voir l'animal tiré par une corde circuler dans le bâtiment, tandis que celui qui filme commente. "Nous recevons la visite du président Maduro" ou encore "président Maduro, par ici s'il vous plaît!", dit-il notamment.
Jusqu'à 20 ans de prison prévus par la nouvelle Loi contre la haine. Selon l'ONG de défense des droits de l'homme, l'accusation se base sur la Loi contre la haine, adoptée fin 2017 par l'Assemblée constituante et dénoncée à l'époque par l'opposition comme un instrument pour "criminaliser la dissidence". Le texte, voté par cette instance créée par le pouvoir chaviste pour neutraliser le Parlement et composée uniquement de partisans du pouvoir, prévoit des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, l'interdiction de partis politiques et la fermeture de médias en infraction.
Une peine de prison "disproportionnée et inutile", pour une ONG. Pour l'heure, les autorités n'ont pas commenté le cas des pompiers, qui ont été inculpés ce week-end. "Une peine de prison pour punir la liberté d'expression est disproportionnée et inutile, contraire aux traités internationaux des droits de l'homme", a réagi de son côté Espace public, une autre ONG. Selon Foro Penal, il y a près de 240 "prisonniers politiques" au Venezuela.