La nouvelle Assemblée constituante du Venezuela, dotée de pouvoirs illimités, a démis samedi de ses fonctions la procureure générale Luisa Ortega, devenue l'une des principales opposantes au président socialiste Nicolas Maduro. Luisa Ortega sera remplacée provisoirement par le "défenseur du peuple" (ombudsman) Tarek William Saab, a annoncé l'Assemblée, qui a également décidé qu'elle siégerait pour une durée maximale de deux ans.
Limogeage refusé. La procureure avait indiqué plus tôt aux journalistes que des unités de la Garde nationale bolivarienne (GNB) ayant pris position autour des bureaux du Parquet général dans le centre de Caracas, l'avaient empêchée d'entrer dans le bâtiment. "C'est une dictature !" avait-elle dénoncé devant les journalistes. "Non seulement ils arrêtent les gens arbitrairement, mais ils les font juger par la justice militaire, et maintenant ils ne laissent pas entrer la procureure générale dans son bureau".
Quelques heures après sa révocation, Luisa Ortega a affirmé qu'elle ne reconnaissait pas cette décision. "Je ne reconnais pas ces décisions (...) parce qu'elles vont à l'encontre de la Constitution et de la loi", a déclaré la procureure générale, dénonçant "un coup d'État contre la Constitution" mené par le gouvernement de Nicolas Maduro.
Suspension du Mercosur. Dans le même temps, les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Paraguay ont décidé de suspendre politiquement le Venezuela du Mercosur, "pour rupture de l'ordre démocratique", a indiqué le marché commun sud-américain dans un communiqué. "La suspension a été appliquée en raison des actes du gouvernement de Nicolas Maduro, et constitue un appel à un début immédiat d'un processus de transition politique et de restauration de l'ordre démocratique", explique le communiqué.
Cette clause, intitulée "protocole d'Ushuaïa", n'avait été utilisée qu'une seule fois auparavant, en 2012 pour sanctionner le Paraguay après la destitution du président Fernando Lugo. "La suspension ne sera levée (...) qu'une fois que les autres membres du groupe auront considéré que l'ordre démocratique a été pleinement rétabli", explique le communiqué. Les pays fondateurs ont conditionné la levée de cette suspension à "la libération des prisonniers politiques, la restauration des compétences de pouvoir législatif, la reprise du calendrier électoral et l'annulation de l'Assemblée constituante".
Maduro s'en prend à ses voisins. Le président Nicolas Maduro a rétorqué que le Venezuela ne serait "jamais" exclu du Mercosur. "Le Venezuela ne sera pas exclu du Mercosur. Jamais. Notre âme, notre cœur, notre vie sont Mercosur", a lancé le chef de l'État socialiste sur une radio argentine, assurant que les tentatives des gouvernements brésilien ("fomenteurs de coup d'État") ou argentin (des "misérables") étaient vouées à l'échec.