Le Parlement vénézuélien, où l'opposition est majoritaire, a voté jeudi une motion de défiance contre le ministre de l'Alimentation Rodolfo Marco Torres, l'accusant d'être responsable des graves pénuries que connaît le Venezuela.
Une destitution non valable ? Le président du Parlement Henry Ramos Allup a déclaré que, en conséquence, le gouvernement du président Nicolas Maduro devait "démettre" ce ministre de ses fonctions à la suite du vote de ce texte par "plus des trois cinquièmes des députés". Conformément à la Constitution du Venezuela, le vote de cette motion entraîne la destitution du ministre. Mais selon le patron des députés partisans de Nicolas Maduro, Hector Rodriguez, cette destitution n'est pas valable car elle viole une récente décision de la Cour suprême qui limite les pouvoirs du Parlement.
Les prérogatives du Parlement limitées. La Cour suprême, la plus haute autorité judiciaire, considérée comme proche du président Maduro, a limité à plusieurs reprises ces derniers mois les prérogatives du Parlement sur le contrôle des autres pouvoirs et les destitutions, notamment, accentuant le choc des pouvoirs qui paralyse le Venezuela. Ce pays sud-américain traverse une profonde crise politique depuis la victoire de l'opposition aux élections législatives de décembre, une première depuis 1999.
Marasme économique. Autrefois riche producteur de pétrole, le Venezuela est plongé en plein marasme économique, avec la chute des cours du brut, souffrant au quotidien de pénuries qui accentuent l'exaspération populaire. Chaque jour, des milliers de Vénézuéliens font la queue pendant des heures devant les supermarchés, pour acheter de la farine, du riz ou du café.
Coupures d'électricités. Le Venezuela pâtit également de coupures d'électricité, en raison selon le gouvernement de la sécheresse due au phénomène météorologique El Niño, l'opposition dénonçant quant à elle le manque d'investissements dans le réseau. La gravité de la situation a poussé l'exécutif à annoncer des mesures spectaculaires afin d'économiser l'énergie : ainsi, les fonctionnaires ne travailleront plus que deux jours par semaine, le lundi et le mardi. Les classes seront suspendues le vendredi, de la maternelle au lycée. Le gouvernement avait déjà annoncé que l'électricité serait coupée quatre heures par jour pendant 40 jours dans huit Etats (sur 24), décrété une modification de l'heure légale et ajouté des jours fériés.